🚂 L’IRON TRAIN EN MAURITANIE – Le road trip qui fait de toi un vrai ! 

Un vrai quoi ? Personne ne sait …

T’as dĂ©jĂ  rĂȘvĂ© de voyager sur un train sans siĂšge, sans wagon passager, mais avec une vue Ă  360° sur le dĂ©sert ? Alors bienvenue dans l’expĂ©rience brute, poussiĂ©reuse et inoubliable de l’Iron Train en Mauritanie.
Le mythique train minĂ©ralier de Mauritanie t’embarque pour 700 km d’aventure dans le dĂ©sert. Conseils, matĂ©riel, budget, sĂ©curitĂ©, tĂ©moignage et photos đŸ«đŸ”„

Spoiler : ça va secouer. Et tu vas kiffer.

📍 C’EST QUOI CE TRAIN EXACTEMENT ?

‱ C’est le train le plus long du monde (jusqu’à 2,5 km de long)

 â€ą Il transporte du minerai de fer des mines de ZouĂ©rate (nord du pays) jusqu’au port de Nouadhibou (cĂŽte Atlantique) 

‱ Et toi ? Tu montes directement dans un wagon vide, Ă  ciel ouvert, avec du sable, du fer, et une bonne dose de courage


🧭 ITINÉRAIRE ET LOGISTIQUE POUR PRENDRE LE TRAIN LE PLUS LONG DU MONDE

📍 ItinĂ©raire classique :

  • DĂ©part de Choum ou ZouĂ©rate. Tant qu’à faire â€Š Fais le complet, puis c’est plus facile d’attendre Ă  Zouerate qu’à Choum
  • ArrivĂ©e Ă  Nouadhibou (ou l’inverse, si tu veux faire le trajet de jour)

🕔 HORAIRES ?

  • Pas d’horaires fixes : le train part Â«Â quand il est prĂȘt ». En gĂ©nĂ©ral, entre 14h et 19h, mais il peut y avoir des heures de dĂ©calage. Nous on Ă©tait partis vers 23 heures, demande sur place tu te feras aider et l’avantage c’est que les gens parlent français ! 
  • Compte 15 Ă  20h de trajet selon les conditions

đŸŽŸïžÂ BILLETS ?

  • C’est gratuit si tu montes dans un wagon de minerai (ce que beaucoup de voyageurs font)
  • Il existe un wagon passager payant avec des siĂšges et un toit, mais c’est moins authentique et il part rarement, tu payes environ 6 euros mais il n’y a ni Ă©lectricitĂ©, ni toilettes ( enfin il y a un trou
) 

🎒 QUOI PRENDRE DANS TON SAC : 

✅ Un foulard / turban / keffieh pour protĂ©ger ton visage de la poussiĂšre (obligatoire) 

✅ Des lunettes de protection 

✅ Une polaire ou veste chaude : il fait froid la nuit dans le dĂ©sert

✅ De l’eau (au moins 4 litres par personne) 

✅ Des snacks : rien n’est vendu sur place, il y a quelques trucs dans les lieux traversĂ©s ( je n’ose pas dire village) 

 âœ… Un tapis de sol ou une bĂąche pour t’isoler du fer brĂ»lant ou glacial 

✅ Une couverture ou un sac de couchage 


đŸ€žâ€â™‚ïžÂ Ă€Â SAVOIR AVANT DE MONTER

‱ Monte rapidement dĂšs que le train s’arrĂȘte (il ne reste pas longtemps) 

‱ Essaie de monter avec d’autres gens, on s’aide si besoin Ă  monter descendre rapidement, on se prĂȘte de l’eau, on monte des bĂąches pour faire de l’ombre. Les locaux se mettent souvent derriĂšre le wagon passager pour ĂȘtre protĂ©gĂ© de la poussiĂšre.

‱ Il n’y a aucun vrai arrĂȘtaucune sĂ©curitĂ©pas de toilettes â†’ prĂ©vois comme en bivouac , Ă©coute ce que dises les autres. Certains locaux prennent ce train plusieurs fois par an.

‱ Il y a des risques : blessures, chutes, insolation. C’est Ă  tes risques et pĂ©rils (mais c’est lĂ©gal !)


💡 ASTUCES DE PROS (OU DE SURVIVANTS)

✔ Arrive Ă  la gare au moins 2h avant pour ĂȘtre sĂ»r de trouver un wagon accessible. On peut se poser Ă  Zouerate, il y a des snacks.  

✔ Si tu es claustro ou sensible au bruit
 passe ton tour đŸ˜…

✔ Demande Ă  des locaux Ă  Choum ou ZouĂ©rate, ils ont souvent des infos plus fraĂźches que les guides


📾 LE MOMENT « INSTAGRAM vs RÉALITÉ »

đŸ“· Instagram : toi debout sur un wagon au coucher du soleil, cheveux au vent, lĂ©gende Ă©pique. 

đŸ˜” RĂ©alitĂ© : toi collĂ© au sol, emmitouflĂ©, les yeux rouges, avec du sable dans les dents
 mais HEUREUX.

Attention en Mauritanie il n’y a pas de dunes comme par exemple en Tunisie, c’est un dĂ©sert plat et avec des cailloux. C’est beau quand mĂȘme mais moins waouh que prĂ©vu !


💾 BUDGET

‱ Trajet : gratuit (en wagon fer) 

‱ Taxi jusqu’à Zouerate 30€ depuis Tergit. Il y a un bus tous les jours mais on l’a loupĂ© .. 


❀ POURQUOI LE FAIRE ?

‱ Pour la folie de l’aventure pure â€ą Parce que c’est un  voyage vraiment hors normes

 â€ą Pour dire « j’ai pris l’Iron train » avec la fiertĂ© d’un Indiana Jones du XXIe siĂšcle


đŸ§Ÿ EN RÉSUMÉ C’est long, sale, bruyant, parfois flippant
 mais c’est une expĂ©rience unique. Un voyage hors du temps, du confort et du tourisme classique.

Tu n’en ressortiras pas propre, mais transformĂ©.

Alors, prĂȘt Ă  manger du sable pour les souvenirs ? đŸ˜Ž

Et si vous voulez lire le récit :


« Le matin du mardi 26 juillet, Mourad se lĂšve Ă  6h30 trop fier de s’ĂȘtre endormi Ă  la belle Ă©toile. Le petit dĂ©jeuner est similaire Ă  celui de la veille avec le mĂȘme prix : 2,5€. Vache qui rit, pain sucrĂ©, etc. Le chauffeur de taxi nous attendait  patiemment, nous, qui la veille, avions demandĂ© qu’il vienne tĂŽt. Triste ironie du sort, lui qui est Ă  l’heure, mauritanien de son Ă©tat, a dĂ» attendre deux français. La vie Ă©tant cruelle, ne nous attardons pas sur son sort. Parti Ă  trois sur la route, nous avons terminĂ©s Ă  six dans une Mercedes-Benz 190 annĂ©e 85 minimum plus de 45 minutes plus tard. Une fois Ă  Atar, en retard pour diverses raisons, le bus de 9h Ă©tait dĂ©jĂ  parti, nous prenons donc le temps de rĂ©aliser le change entre le dirhams et le Ouguiyas chez un restaurateur marocain de la ville, en guise de compensation. Coup de théùtre, quelques instants plus tard, pour un prix supĂ©rieur de 50% Ă  celui prĂ©vu, une voiture nous rĂ©cupĂšre pour nous amener Ă  Zouerate. Fait amusant la rĂ©gion de Zouerate s’appelle « Zemmour » donc ce nom est Ă©crit partout
. Le trajet en 4×4 climatisĂ© nous fait le plus grand bien. À Zouerate, le personnel local de l’Agence nous indique que le train est parti depuis plus d’une heure et que le second, prĂ©vu pour 18h, prendra la route quasiment de nuit. Mourad prend la dĂ©cision de se rendre  Ă  la gare Ă  l’aide d’un taxi pour vĂ©rifier l’information. Ce voyage infructueux se solde par la confirmation du dĂ©part d’un train pour 18h. Toutefois, cela nous permet de prendre conscience que le trajet va ĂȘtre long et pĂ©nible au travers de la vue d’un wagon chargĂ© de minerais. Nous rĂ©alisons alors qu’il fait 40 degrĂ©s et que les wagons sont en plein soleil depuis le petit matin… Pour la premiĂšre fois, nous nous demandons si nous sommes extrĂȘmement vaillants oĂč simplement trĂšs cons …À l’heure oĂč nous Ă©crivons ces lignes, un doute plane sur notre capacitĂ© physique Ă  rester vivant durant tout le trajet. Si sur le trajet le manque d’eau se faisait sentir, qui de nous deux se sacrifiera pour sauver l’autre… This is the question. ArrivĂ©e Ă  14h Ă  Zouerate il nous faudra attendre 23h pour rĂ©ellement partir mĂȘme si nous allons l’apprendre petit Ă  petit. Nous avons rencontrĂ© dans l’attente Ramadan et Sabah (« matin » en langue arabe) qui furent de chouettes compagnons de voyage et nous permirent de mieux le supporter. Dolly (appelons la ainsi) accompagna aussi notre voyage par ses cris de chĂšvre assoiffĂ©e. Un des conducteurs avait en effet dĂ©cidĂ© de ramener une chĂšvre Ă  Nouadhibou, enfermĂ©e dans un sac mais n’a jugĂ© utile ni de la nourrir, ni de l’abreuver ni mĂȘme de la protĂ©ger du soleil… Cet homme Ă©tant plein d’humanitĂ© avait quand mĂȘme laissĂ© la tĂȘte de l’animal hors du sac… La moindre des choses. Qu’aurait pensĂ© Aymeric Caron de ce voyage ? …. Vers minuit, soit encore 18h avant la fin du voyage, tout le monde dĂ©cide de dormir. Ramadan me laissa une place confectionnĂ©e par ses soins sur des sacs de vĂȘtements pendant que Mourad dort Ă  mĂȘme le sol du wagon. Je lui rend sa place vers 5h du matin aprĂšs une nuit trĂšs compliquĂ©e et rĂ©alise encore une fois que la journĂ©e allait ĂȘtre longue. Plus que 13 heures
 ..  Nous avons voyagĂ© avec une dizaine d’autres hommes locaux et Ă©tions les seuls toubabs. Rapidement, nous rĂ©alisons que ces colocataires Ă©taient davantage prĂ©parĂ©s que nous et nous ont sauvĂ© la vie Ă  plusieurs reprises. Le trajet, bien que trĂšs beau, fut Ă©prouvant. 20h sous le soleil saharien eurent raison de notre patience et de notre rĂ©sistance française Ă  la chaleur. Un chariot destinĂ© Ă  transporter du minerai, captant et rĂ©flĂ©chissant la chaleur fut notre logement, ni toilette, ni eau, ni Ă©lectricitĂ© ne faisaient partie des commoditĂ©s. Un service Ă  la hauteur du tarif que nous avons payĂ© pour parcourir ces 650 km : zĂ©ro ! Une expĂ©rience grandiose certes mais qui a rĂ©vĂ©lĂ© l’imprĂ©paration qui Ă©tait la nĂŽtre. Vers 6 heures nous avons pris le temps d’observer les paysages. Le vent, malgrĂ© le fait que l’on mange du sable en continu, nous permettait de ne pas trop ressentir la chaleur. La matinĂ©e semblait ĂȘtre une vraie rencontre poĂ©tique avec l’immensitĂ© et le sensible. Une parenthĂšse magique qui allait dĂšs l’heure suivante laissĂ© place Ă  des considĂ©rations bien plus terres Ă  terres. Comment survivre avec cette chaleur ? Les mauritaniens attachent  dĂšs 11 heures une toile au-dessus de nos tĂȘtes qui nous permit de ne pas se transformer en pop-corn tant le ciel Ă©tait chaud . C’est une certitude, les youtubeurs qui ont fait le show sur ce trajet sont venus entre dĂ©cembre et fĂ©vrier…. Cela semble difficilement possible autrement d’apprĂ©cier rĂ©ellement le voyage et ses paysages. La route fĂ»t longue, la route dit trĂšs longue. On a eu chaud, chaud, chaud. Le sable s’immisçant partout mĂ©langĂ© aux copeaux de fer grattait. La tentation de boire entrait en contradiction avec le fait qu’il n’y avait, Ă  partir de midi pas de toilettes et plus aucun arrĂȘt de train. Nous nous sommes tous les deux demandĂ© Ă  un moment s’il fallait mieux se pisser dessus ou mourir de soif. On a choisi un entre deux. À partir de 13h, je me mets Ă  nouveau Ă  dormir. Allez ma poule, il reste 6 heures. Courage. ArrivĂ©e Ă  Nouadhibou, conseillĂ©s par une personne rencontrĂ©e auparavant, nous avons rejoint Victor Ă  la villa Maguela. AprĂšs le repas on s’Ă©vanouit dans le lit tant le voyage en train fut Ă©reintant et on se mit Ă  ronfler pour la nuit.   Â»

—L & M, Juillet 2022