Vladivostok – La porte « est » du Transsibérien ( Jour 1 et 2)

Deux jours à Vladivostok, c’est comme un sas de décompression entre le choc culturel, le jet lag, et la promesse de milliers de kilomètres de rails. C’est aussi une jolie claque visuelle : des églises dorées, des ruelles qui grimpent façon Montmartre, et des mouettes qui crient en russe.
Mais reprenons les choses depuis le début…

Statue de Lénine à Vladivostock

Jour 1 et 2 du voyage : Douane, taxi cher et funiculaire intérieur

On atterrit à Vladivostok après une traversée douanière digne d’un film d’espionnage des années 80 :
regards suspicieux, tampons appuyés, questions floues, et ce délicieux moment où tu sens que ton sac à dos a plus de droits que toi.

Sortis du terminal, on cherche un bus vers le centre-ville.
Spoiler : il n’y en a pas. Ou alors il a décidé qu’aujourd’hui, non.
On négocie mollement avec un chauffeur de taxi : il me propose 25 € au lieu des 15 € lus sur Internet.
On est crevés, lui pas du tout, on monte dans la voiture avec la dignité d’un douanier qui a tout vu.

Première impression de la ville

À travers la vitre embuée du taxi, Vladivostok scintille.
Une ville moderne, très éclairée, bordée de collines et d’immeubles pastels.
Les enseignes néon en cyrillique claquent dans le noir.
Il fait étonnamment chaud mais on sent déjà que la mer est juste là, invisible mais présente.

L’hôtel, la carte bancaire et l’échec du premier resto

À l’hôtel, c’est le moment glamour de récupérer ma carte bancaire russe (oui, j’ai désormais une double identité monétaire, c’est très James Bond).
Mais comme rien n’est simple ici, l’opération prend une heure.
Le temps de comprendre qu’il fallait un code SMS que je ne reçois pas, de me battre avec le wifi, et de supplier la banquière avec des regards de Bambi. Payée à la commission, elle a débarquée à débarqué à l’hôtel à 22heures mais je sens que comme moi elle en a marre. Elle me dit que ça devrait marcher et rentre chez elle.

Il est 23h.
Chez nous, il est à peine 15h, mais nos corps sont en mode soupe lyophilisée. On abdique.
Objectif : dormir, et tuer le jet lag.

Et miracle : le lendemain à 7h, frais comme des babouchkas, on est debout. Le jet lag a été vaincu. Pour une fois qu’il joue dans notre camp !


Vladivostok, c’est beau (mais ça grimpe sévère) ; que faire en deux jours ?

La ville nous cueille doucement : les rues colorées, les montées (non mais sérieusement, c’est de la randonnée urbaine), les vues sur la baie, les clochers dorés des églises orthodoxes. J’adore leur côté bling-bling céleste, on dirait du kitsch religieux version baroque russe.

On se perd dans les rues, on prend le petit funiculaire (oui, Vladivostok a son mini-Montmartre), on tombe par hasard sur un sous-marin posé comme une mouette échouée en centre-ville. Il se visite, mais ce sera pour le lendemain. En attendant, on grimpe. Encore. Toujours. Cette ville est une salle de sport gratuite.

Et puis on parle aux gens. Enfin… on essaie. Le mot “anglais” provoque des regards effarés, parfois gênés, souvent amusés. Même la dame de l’office du tourisme semble découvrir l’existence de la langue de Shakespeare. Heureusement, j’ai affûté mes talents de mime : je suis devenue championne olympique de la pantomime « Où est la banque ? » et « C’est fermé ou vous me regardez juste bizarrement ? »

Que manger à Vladivostok ?

Côté bouffe, c’est tout un poème. Premier déjeuner : une cantine locale comme on les aime. Table en formica, plats en self-service, et Edith Piaf en fond sonore. Mon frère hallucine. Soft power à la française, même ici. On mange pour trois roubles cinquante et on est heureux.

Le soir, changement de décor : sushis. Oui, des sushis à Vladivostok, et c’est parfaitement logique. On est à deux doigts du Japon, et la ville en est imprégnée. Vladivostok, c’est un carrefour culturel un peu foutraque entre Russie terrestre et Asie-Pacifique. Et tu peux enchaîner soupe russe et sashimis sans que personne ne lève un sourcil.

Mer, galères bancaires et aquarium fantôme

On traîne face à la mer, on se laisse bercer par le vent (et par les 30 degrés, merci le choc climatique). On voulait visiter l’aquarium, mais on découvre qu’il a été déplacé… sur une île. Accessible uniquement via un site en russe, avec un système de réservation si compliqué qu’on finit par abandonner. La forteresse militaire ? Fermée. Tant pis. On profite du temps qui passe, sans trop courir.

En revanche, ce qui nous a bien occupés, ce sont les galères bancaires. Je savais que ma carte française ne passerait pas — sanctions oblige. Du coup, bonne élève, j’avais commandé une carte bancaire russe avant de partir. Mais ce que je n’avais pas anticipé, c’est qu’avec les sanctions, impossible de lui transférer des fonds depuis une banque européenne ou américaine. Résultat : j’ai une carte russe flambant neuve… vide. Et moi, je mime « urgent need of cash » dans tous les distributeurs de la ville, pendant que mon frère tente de m’expliquer les subtilités du circuit interbancaire post-Ukraine. Un bon moment. Heureusement on a du liquide pour tenir une bonne dizaine de jours, ça passe mais ça nous stresse un peu.

L’autre truc chronophage du voyage ça a été de commander des billets de train. On nous avait dit qu’ils étaient 50 à 100 % plus cher sur internet ce qui est vrai. Le problème c’est qu’à la gare il y a du monde et PERSONNE, je dis bien PERSONNE ne parle anglais. On se bat à coup de Google traduction qui parfois t’affiche un « aimez -vous la soupe de poulpe » alors que la dame en face de toi te demande si tu veux un compartiment avec douche ou non… Sans mentir acheter deux fois deux billets nous a pris au bas mot 2h et quelques parce qu’il faut choisir la classe, l’heure et que les guichetieres sont adorables et qu’elles veulent bien tout t’expliquer mais par contre l’heure de la pause, c’est l’heure de la pause. Assied toi la et attends une demi-heure, va.

Vladivostok, Une ville comme une promesse

En vrai, on a adoré ces deux jours à Vladivostok. C’était exactement ce qu’il nous fallait : un vrai sas de décompression entre le vol et le départ du transsibérien. Une première approche de la Russie, dans une ville étrange et attachante, et cette sensation difficile à décrire — un mélange de vertige et de fierté d’être au bout du monde. Tu regardes la mer, tu sais que la Corée est à quelques kilomètres, et tu te dis : « Wow, on est là. » Tu vérifies même sur Google maps, histoire d’être sur.

La ville est cool, vraiment. Pas chère, non plus — enfin, sauf les cafés à 3€, qui surgissent de nulle part comme pour te rappeler que tu es une proie facile en début de voyage. Résultat ? On se lâche un peu. C’est mon grand classique : euphorie de l’arrivée = dépenses semi-inconscientes, avant que mon radar de radine ne se réactive au bout de 48h.

On traîne donc face à la mer, on se laisse bercer par la chaleur (oui, il fait chaud de ouf à Vladivostok en été, c’est assez inattendu), on savoure l’instant. C’est calme, un peu bizarre, et pourtant on s’y sent vite bien. Les locaux nous accoste. L’évocation de notre nationalité les fait beuguer. On se demande s’il même avant la guerre il y avait beaucoup de français ou non.

💸 Budget jour par jour à Vladivostok

DépensePrix moyen (par personne et par jour)
Taxi aéroport → centre25 € (arnaque semi-assumée)
Hôtel (2 nuits)15 à 40 € selon confort donc 7 à 20 €
Cantine soviétique6-7 €
Resto japonais14 €
Funiculaire0,20 €
Sous-marin musée2 €
Total journalier~35-40 €

La suite du périple :