Que faire à Amman en 2-3 jours ?



Amman, c’est souvent une ville que les voyageurs zappent ou traversent en coup de vent, pressés de filer vers Petra, le Wadi Rum ou la mer Morte. Et pourtant, elle mérite largement qu’on s’y attarde un peu. J’y ai passé quelques jours en août, un peu par hasard (merci le vol Wizzair à 45 €), et j’ai découvert une capitale à la fois bouillonnante, sincère et pleine de contradictions.
Dès l’arrivée, on est saisi par le contraste entre l’agitation urbaine et les visages accueillants. Ma toute première mésaventure : perte de carte bleue (bravo moi), sauvée in extremis par un transfert Western Union… et un Jordanien absolument adorable rencontré dans une boutique de téléphonie qui m’a accompagnée, m’a fait la traduction, m’a même offert un café turc et… m’a raconté Jerash, que je n’ai finalement jamais vue. Mais c’était presque mieux comme ça : Jerash en version orale, vivante, entre deux blagues et un taxi mal garé.
Jerash donc, d’après mon nouveau pote, c’est l’un des plus beaux sites romains du Moyen-Orient. Des colonnades à perte de vue, un hippodrome, des temples impressionnants et surtout un cadre verdoyant qui change du reste du pays. « C’est mieux que Rome », m’a-t-il dit, la main sur le cœur. Et je le crois. J’espère y retourner un jour, sans incident bancaire cette fois.
Mais revenons à Amman. Ce qui m’a frappée, c’est la superposition de couches historiques, sociales et architecturales. Il y a les ruines romaines du théâtre antique en plein centre-ville, adossées à la Citadelle, d’où la vue au coucher du soleil est sublime. On y aperçoit les collines qui composent la ville, les dômes blancs des mosquées, les rues en pente, les toits plats et les tanks à eau.
En parlant de mosquée, la grande Mosquée du roi Abdallah Ier vaut vraiment le détour. Elle est reconnaissable à son énorme dôme bleu ciel. Attention : tenue correcte exigée. J’ai dû enfiler une sorte de robe de Jedi fournie sur place (gratuite, ouf), et rentrer pieds nus. À l’intérieur, c’est sobre, immense, et très paisible malgré le flot constant de visiteurs.
Un incontournable aussi : Rainbow Street. Certes un peu touristique, mais on y croise des locaux aussi. Cafés, boutiques d’artisanat, vendeurs de jus de grenade à chaque coin de rue, et des chats, plein de chats. J’y ai passé des heures à me perdre, à siroter des limonades maison (environ 1,5 dinar, soit un peu plus de 2 €), à grignoter des falafels ou des manakish au fromage (entre 0,80 et 1,2 dinar, selon les coins), ou à tester des desserts locaux genre knafeh bien dégoulinant. Un repas complet dans un resto simple tourne autour de 4 à 6 dinars (entre 6 et 9 €), et si tu vises une adresse un peu plus branchée, compte 10-12 dinars.
J’ai aussi mangé dans un petit resto familial recommandé par mon auberge (The Boutique Hotel Amman, je recommande au passage), où la maman en cuisine te sert des plats jordaniens traditionnels sans fioriture. Mention spéciale au maqlooba, un plat de riz à l’aubergine et au poulet retourné façon tatin : simple, pas cher (4 dinars), délicieux.
Autre belle découverte : le musée de l’écriture arabe. Petit mais très intéressant, avec des explications claires sur l’évolution de la calligraphie, les alphabets sémitiques, et des manuscrits anciens magnifiquement conservés. Et c’est gratuit.
Amman, c’est aussi cette sensation constante d’être à la croisée des mondes. Des femmes en jean taille haute croisent d’autres en niqab, des BMW rutilantes doublent des charrettes tirées par des ânes. C’est une ville paradoxale et vivante, qui n’a pas peur de ses contrastes.
Et puis il y a les marchés, les souks bordéliques, les vendeurs de babioles qui crient dans les haut-parleurs, les parfums d’épices, de cardamome, de sucre brûlé. Le soir, j’aimais me balader dans le centre, écouter les appels à la prière qui résonnent en écho, et me laisser happer par le chaos ambiant.
Bref, Amman n’est peut-être pas la plus belle ville du monde, ni la plus facile d’accès, mais elle a une âme. Et si tu prends le temps de t’y perdre, elle te le rend bien.
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