Tergit, une immersion complète dans une oasis en Mauritanie
(chez Jemal)
Lieu : Oasis de Tergit, Mauritanie
Durée : 2 nuits
Période : Août, chaleur +++++, tempête de sable surprise incluse
On était en Mauritanie pour notre trajet Dakar -Paris qu’on te raconte dans plusieurs articles. On nousa proposé d’aller dans une oasis pour 75 euros pour deux en pension complète. On a dit oui.

Le décor : un mirage qui n’en est pas un
Je ne vais pas vous mentir : quand j’ai entendu “oasis”, j’ai tout de suite imaginé un palmier solitaire, une source d’eau limpide, et moi en train de boire dedans façon pub Evian. Eh bien figurez-vous que Tergit, c’est ça… multiplié par mille. L’oasis est nichée dans un canyon, entourée de palmiers-dattiers, de falaises ocres, et surtout de silence. Un silence de désert, qui vous colle à la peau, entre deux envolées de chèvres (oui, elles grimpent les rochers, ces héroïnes).
Nous avons eu le contact par Sébastien, un français qui possède l’auberge Triskel à Nouakchott la capitale. On a pris un forfait avec le bus et les deux nuits !




L’arrivée : GPS, intuition et un gars nommé Jemal
Tergit, ça se mérite. Depuis Nouakchott, on a roulé genre… toute une vie, d’abord sur une nationale où les chameaux ont la priorité, puis sur une piste caillouteuse où même Google Maps nous a dit “Débrouille-toi mon pote”. Il y a des stations essence au milieu de … Rien. On se demande comment ils se retrouvent. Ah et on était 15 pour un bus 12 places. Y’avait des enfants. Mais quand même.
Mais là, au bout de la poussière : Jemal. Ou plutôt, le campement de Jemal. Un petit havre de paix entre rochers et palmiers, tenu par un gars aussi discret qu’efficace, et à qui on doit notre survie alimentaire et morale pendant deux jours. En vrai, Jemal c’est un peu le genre de mec qui sourit tout le temps, qui fait chauffer le thé comme un rituel sacré, et qui semble avoir tout vu, tout vécu, y compris des tempêtes de sable dans son salon alors qu’il le dit lui même : il a peu quitter ce campement.
Jour 1 – Les présentations, la poussière, et le “on dort où ?”
22h00 – “Je crois qu’on est arrivés”
Après une tempête de sable surprise (merci la météo saharienne), on débarque dans un décor post-apocalyptico-beau. Des dunes en toile de fond, des falaises ocres, et surtout… une tente. Enfin plusieurs. Et Jemal nous accueille avec un thé mauritanien, à la menthe bien corsée, servi trois fois comme le veut la tradition.
Il ne parle pas beaucoup. Mais quand il dit “vous dormez ici”, il montre une case ronde en pierre, avec un matelas, une couverture, et l’immensité comme plafond. Il est tard, on parle peu et on va se coucher sous une chaleur écrasante.
Le vent s’est calmé. Le ciel est une galaxie vivante, et on s’endort avec les bruits du désert en fond sonore : les petits cris des insectes, le hennissement d’un âne au loin, et le clapotis de l’eau de source. Qui aurait cru que ce serait aussi reposant ?
Jour 2 – Bains, balades et bataille contre la chaleur
08h00 – Réveil avec thé (encore) et pancakes locaux
Jemal nous sert un petit-déj royal : galettes de blé, confiture, thé à gogo. Le tout servi sous un palmier. À ce moment précis, on se dit que le luxe, ce n’est pas un hôtel 5 étoiles. C’est un coin d’ombre dans un désert, un thé bien chaud, et un gars cool qui vous demande si vous avez bien dormi. On est sous une tente « en dur » parfaitement construite pour que l’air passe. Il fait étonnamment frais.
10h00 – Bain dans l’oasis
Alors oui, on peut se baigner dans l’oasis de Tergit. Il y a des vasques naturelles, un peu plus bas que le campement, alimentées par une source. C’est de l’eau fraîche, pas gelée, entourée de roseaux, de palmiers et d’oiseaux. Un décor de documentaire Arte, sauf qu’on est dedans en maillot de bain (ou en robe, j’ai gardé la mienne pour des raisons culturelles).
Seul petit bémol : il y a parfois des déchets, laissés par les visiteurs locaux du week-end. C’est dommage, mais ça ne gâche pas l’expérience. Et vous pouvez ramasser 2-3 trucs pour vous donner bonne conscience.
14h00 – Repas puis sieste obligatoire (sinon tu meurs)
On mange un bout. C’est essentiellement du riz et de la viande. Tout se mange même les abats et les tendons au risque de vexer nos hotes. Les occidentaux sont des chochottes nous disent-ils.
Il fait 43 degrés. À ce moment-là, même les lézards sont planqués sous les pierres. On suit l’exemple local dès le repas terminé : on dort. Sous la tente, ou allongé sur une natte à l’ombre. L’air est sec, mais une petite brise vous caresse le visage. On entend un bruit de chèvre au loin. La vie est belle.
17h00 – Balade dans les gorges
En fin d’aprèm, Jemal nous propose une balade dans les gorges de l’oasis. Un petit sentier vous emmène entre des parois rocheuses, parfois hautes de plusieurs dizaines de mètres, avec des fresques naturelles, des palmiers accrochés à la paroi, et des sources qui suintent des rochers. On se croirait dans un film d’aventure, mais sans Indiana Jones (juste vous, une casquette, et 1,5L d’eau). On fait boire les chameaux et on goutte leur lait.



Infos pratiques – Si vous voulez faire comme moi (sans la tempête)
📍 Où c’est exactement ?
Tergit est situé à environ 45 km d’Atar, dans la région de l’Adrar, au nord de la Mauritanie. Depuis Nouakchott, il faut environ 5 à 6h de route, selon votre véhicule et votre habitude des pistes caillouteuses.
🚗 Comment y aller ?
- Option 1 : louer un 4×4 à Nouakchott avec chauffeur (recommandé si vous n’avez pas envie de vous perdre ou de crever un pneu dans le désert).
- Option 2 : transport public jusqu’à Atar (minibus ou 4×4 partagés), puis taxi ou arrangement local jusqu’à Tergit.
- Option 3 : appeler Jemal (via contact local, ou bouche-à-oreille voyageur) pour qu’il vienne vous chercher à Atar. Ça se fait, vraiment.
💸 Budget
- Nuit chez Jemal : env. 3000 MRU / 75 € pour deux, pour deux nuit avec pension complète (à confirmer selon saison et humeur du chameau).
- Thé illimité : inclus (si vous êtes sympa).
- Balade dans l’oasis : gratuite, mais un petit pourboire pour le guide (Jemal ou un de ses fils) est apprécié.
- Bain dans l’oasis : gratuit (mais emportez vos déchets, merci).
🧳 À emporter
- Crème solaire + chapeau vissé à la tête
- Maillot de bain + serviette légère
- De quoi se couvrir les cheveux, même pour les hommes, le soleil tabasse fort
- Lampe frontale (pas d’électricité dans les cases)
- Pastilles pour purifier l’eau (même si l’eau de source est potable)
- Lingettes et bonne humeur
- Du cash (ou beaucoup de chance) – il n’y a pas de distributeur à Tergit, ni de terminal de paiement. C’est la Mauritanie, pas l’Apple Store.
Ce que j’en retiens
C’est rare de se sentir petit dans un endroit aussi grand. À Tergit, tout vous dépasse : la roche, le ciel, le silence, même les histoires que Jemal raconte en sirotant son thé.
Ce n’est pas un lieu pour “voir des trucs”. C’est un lieu pour ralentir, pour respirer, pour oublier qu’on a un téléphone (de toute façon y’a pas de réseau), et pour écouter : les palmiers qui bougent, l’eau qui coule, et Jemal qui dit doucement “viens boire un thé”.
Comment contacter Jemal ?
Il n’a pas de site internet. Il n’est pas sur Booking. Jemal, c’est le bouche-à-oreille du désert.
- Demandez aux gens à Atar, tout le monde le connait
- Regardez les forums de voyage (Couchsurfing, Caravanistan, etc.)
- Ou faites comme moi : faites confiance à un contact local. Les voyageurs qui passent par là laissent souvent son numéro à l’auberge.
Tu veux du silence, de l’eau fraîche et du thé brûlant, avec un hôte qui connaît son désert comme sa poche ?
Va chez Jemal. Et dis-lui que tu viens de ma part. Il ne saura pas qui je suis, mais il te sourira.