KHABAROVSK, OU LA HALTE QUI FAIT PLAISIR… MAIS PAS TROP

Si tu tapes « Transsibérien » dans Google Images, tu tomberas direct sur des paysages enneigés, des rails perdus dans la taïga, et des cabines cosy avec rideaux fleuris et tasses de thé fumant. Ce que tu ne vois pas, c’est toi, debout à 3h50 du matin avec un sac de 12 kilos sur le dos, prêt à grimper dans un train pour 50 heures. Et c’est exactement pour éviter un burn-out ferroviaire au bout de 13h de trajet qu’on a décidé de faire une pause stratégique à Khabarovsk.

Pourquoi faire une halte à Khabarovsk ?

Parce que Vladivostok-Irkoutsk direct, c’est un suicide psychologique.
On voulait du Transsibérien, oui, mais pas en mode expérience immersive de l’enfermement sur rails pendant trois jours non-stop dès le début.
Alors on a cherché des escales possibles entre les deux. Et dans cette chasse au Graal de la pause « utile-mais-agréable », Khabarovsk est apparue comme une candidate sérieuse. Elle est pile à 13h de train de Vladivostok (parfait pour tester une première nuit à bord sans trop s’engager émotionnellement), elle a un fleuve au nom très cool (le fleuve Amour, Manu Chao si tu nous regardes), et quelques jolies églises photogéniques. Sur le papier : top.

L’arrivée après 13 heures et une soupe de nouilles lyophilisées

On débarque à Khabarovsk au petit matin, un peu vaseux, un peu excités, avec la sensation étrange d’être déjà loin de tout. Le soleil cogne, nos sacs aussi, et on n’a qu’une envie : trouver une chambre d’hôtel avec une douche chaude et un lit horizontal.
Sauf que… la première réservation nous lâche. Boum. Pas de chambre. On erre donc dans la ville, deux sacs sur le dos, un petit-déj dans le ventre, et une patience en mode « mode économie d’énergie ».

Petite anecdote logistico-bancaire : les consignes à bagages de la gare n’acceptent que la carte bancaire… et pas n’importe laquelle. Merci les sanctions russes, notre carte française fait un rejet façon ado capricieux. Résultat : on se balade toute la journée avec nos sacs, en mode tortues sibériennes.

D’aillieurs pour suivre nos galères de paiement, c’est ici : Comment payer en Russie en 2025 ?

Le fleuve Amour… ou le fleuve “petite romance ”

Bon, parlons du fameux fleuve Amour, celui qui nous avait presque fait rêver (tu sais, ambiance “Manu Chao – Je ne t’aime plus – fleuve Amour – voyage introspectif”)…
Bah non. Pas vraiment. C’est grand, c’est large, c’est marron, et même si y’a une jolie promenade et des mouettes motivées, on est plus proche d’un Rhône un peu paresseux que du Gange sacré ou du Mékong en délire.

La balade qu’on a faite (merci les guides de blog de 2012) longe le fleuve, traverse quelques parcs mignons, et te fait atterrir devant deux très jolies églises.

  • La première, la Cathédrale de la Transfiguration, est bien perchée, en haut d’un escalier monumental. Elle est énorme, blanche et dorée, genre carte postale “Russie éternelle”.
  • La deuxième, l’Église de l’Intercession, est plus petite, plus ancienne, et a ce petit côté biscuit de Noël orthodoxe. Parfait pour une pause photo… et une pause tout court.

La vraie mission du jour : la douche

On finit par récupérer notre chambre d’hôtel vers 18h, dans un petit établissement sans prétention mais avec de l’eau chaude, un vrai lit, et zéro voisin qui mâche des nouilles en face.
Prix de cette douce transition ? Environ 40 euros la nuit, ce qui peut paraître beaucoup en Russie… mais là, c’était la nuit avant LES CINQUANTE HEURES DE TRAIN.
Donc honnêtement : investissement émotionnel 10/10.

Je crois que j’ai rarement autant apprécié une douche de ma vie. On l’a prise lentement, religieusement, avec gratitude et recueillement. Puis on s’est posés, on a glandé et on s’est préparés mentalement pour la suite. C’était une vraie journée sas, ni passionnante, ni inoubliable… mais tellement nécessaire.

Khabarovsk, donc : halte utile ou escale dispensable ?

C’est ça la vraie question. Et la réponse, c’est les deux.
Khabarovsk n’est pas la ville qui va bouleverser ton itinéraire, ni te faire acheter un foulard “I ♥ Khabarovsk”. Mais elle remplit parfaitement son rôle de ville-tremplin.
Tu poses ton sac, tu respires, tu manges autre chose que des nouilles instantanées, tu regardes des gens vivre une vie normale, et tu reprends un peu forme humaine avant de te réenfermer dans un train pendant deux jours.

Et d’ailleurs, paradoxalement, c’est cette pause-là qui nous a donné envie de continuer.
Quand on est remontés dans le train à 3h50 du matin (moment parfait pour ne pas savoir si tu dois dormir, hurler ou danser), j’étais surexcité(e). Oui, à 3h du mat’.
J’avais hâte. Hâte de vivre ces 50 heures de roulis, de bouffe chelou, de voisin qui ronfle et de paysage qui défile doucement.
Faire une pause courte avant un long tronçon, ça t’aide à apprécier le long tronçon.

Et au fait, on mange quoi à Khabarovsk ?

Alors soyons honnêtes : la gastronomie de Khabarovsk ne nous a pas laissé des souvenirs impérissables. On a bien mangé mais c’était plus utilitaire qu’autre chose.
On a testé un resto pas mauvais , bu un café filtre correct mais surtout, on a profité de cette pause pour se ravitailler avant le train : chips, nouilles, café etc.
Le genre de courses où tu sais que ta santé mentale dépendra directement de ton taux de chips dans les prochaines 48h.

En résumé : faire ou ne pas faire une pause à Khabarovsk ?

✔️ Oui, si tu veux une transition douce entre deux wagons
✔️ Oui, si t’as besoin d’un lit avant les 50h de train
✔️ Oui, pour la douche qui te fait presque pleurer de bonheur
✔️ Non, si tu cherches une ville fascinante, vibrante et remplie d’activités de ouf


Mais surtout, oui si tu veux vivre le Transsibérien à un rythme humain.
Car la vérité, c’est que le voyage en train, c’est comme la vie (et là, on peut faire semblant de citer un philosophe français au hasard, disons Alain) : il faut des gares, des arrêts, des redémarrages, et des temps morts pour apprécier le mouvement.

Tu veux la Russie ? Prends-la en tranches.
Khabarovsk, c’est une tranche sans sauce. Mais parfois, c’est exactement ce qu’il te faut.

Et pour la suite : Comment se passe la vie dans le transsibérien ?