Deux jours au lac Baïkal : pause dans notre trip sur l’île d’Olkhon (et paysages de ouf en option)

Après plus de 10 jours de trains russes, de nouilles instantanées et de villes sibériennes, notre organisme tout entier criait : PAUSE. Pas une pause “on visite moins vite”, non. Une vraie pause. Avec deux nuits au même endroit, sans bouger, sans devoir trouver une consigne pour les sacs ou une app pour traduire “je suis allergique au céleri”. C’est donc au lac Baïkal, et plus précisément sur l’île d’Olkhon, qu’on a trouvé notre bulle de répit. Et même sans se baigner (spoiler : on a eu froid rien qu’en trempant un orteil), c’était franchement pas mal.

Pourquoi Olkhon ?

Parce que Google nous l’a vendu comme la perle du Baïkal. Et sur le papier, c’est pas faux : grande île sauvage, falaises ocre plongeant dans des eaux turquoise, plages désertes, chevaux en liberté, ambiance “Mongolie qui aurait pris un bain”.
Bon, dans les faits, certains qualificatifs étaient un peu… dithyrambiques. Mais c’était beau. Très beau. Sauvage, vallonné, paisible. Et surtout pas si touristique que ça, ce qui nous a étonnés… C’est peu de le dire..

Comment on y va ? Petit tuto pour aspirants voyageurs zen et fessiers résistants

L’île d’Olkhon, c’est pas le bout du monde. Mais c’est pas le début non plus. Pour t’y rendre depuis Irkoutsk, il va falloir t’armer de patience, d’un bon coussin lombaire et de quelques snacks (voire un repas de secours si t’es du genre à avoir faim toutes les 2h).

✱ Étape 1 : trouver le bus

D’abord, faut trouver la gare routière. Et spoiler : elle est pas DU TOUT à côté de la gare ferroviaire. Non non, il te faudra marcher près d’une heure dans une rue qui s’appelle quand même la rue de la Révolution d’Octobre. Déjà, ça pose le ton. Ambiance soviétique et trottoirs disjoints.

Tu arrives devant un bâtiment un peu fatigué, mais toujours vaillant, et tu achètes ton billet au guichet. Conseil d’ami : prends bien l’aller-retour, parce qu’au retour, on t’annonce un petit supplément touriste de 500 roubles. Résultat :

  • Aller : 1500 roubles (~16€)
  • Retour depuis Olkhon : 2000 roubles (~21€)
    Économie de 5€, c’est toujours ça.

✱ Étape 2 : les 7 heures de mini-expédition

Tu grimpes dans un minibus. Le genre qui sent légèrement le diesel rassis et les sièges en skaï, avec un chauffeur qui semble tout droit sorti d’un rallye. Au menu :

  • 2 heures de route
  • une pause dans un routier sibérien pour te restaurer (compte 400 roubles, soit 4€ pour une soupe, un thé et une crêpe si t’es chanceux)
  • encore 2 heures de bitume, de klaxons et de virages pris un peu vite
  • un ferry improbable, qui fait traverser le minibus ET ses passagers en 15 minutes chrono
  • enfin, 1 heure de piste de terre battue dans un décor semi-apocalyptique : steppe, poussière, nids de poule, chevaux sauvages, et un peu de foie qui gigote dans ton bide

Et là, t’arrives. Khuzhir, le « village » principal de l’île.

Où on a dormi ? Chambre avec vue, linge à la main et conversations par gestes

À Khuzhir, on s’était trouvé un petit hébergement tout simple mais charmant, pour 100€ à deux les deux nuits. Un vrai bonheur : propre, lumineux, avec une vue sur le lac (ou plutôt, sur cette immensité d’eau qui ressemble à la mer Baltique un jour sans vent). La gérante, adorable, parle 15 mots d’anglais – ce qui, ici, suffit à créer un lien fraternel de type « on ne se comprend pas mais on se comprend quand même ».

Le kiff ? Deux nuits au même endroit. Après 10 jours à cavaler entre trains, gares et villes-escales, c’est comme un spa pour l’âme. On en a profité pour :

  • faire une lessive à la main (oui, le vrai luxe, c’est des chaussettes propres)
  • s’étirer, respirer, se balader sans but
  • traîner, cette chose devenue rare dans notre périple soviétique

Que faire à Olkhon ? Se perdre, surtout

Tu pourrais lire des blogs te disant que c’est « l’âme du Baïkal », un endroit mystique, un repère de chamanes… La vérité, c’est que c’est joli, mais pas non plus féerique. Ou du moins, pas en été. En hiver, quand le lac est gelé, avec des craquements de glace et des voitures qui roulent dessus, là d’accord, ça doit être un délire complet.

Mais nous, on a eu 20°C et du soleil doux. On s’est promenés sur des collines dorées, longé des plages sauvages, traversé des forêts aux troncs fins, presque sans croiser personne. Le vent, l’espace, les petits chemins de sable, les pins tordus… Un charme discret, brut. Un genre de Mongolie lacustre.

Tourisme fantôme : une station balnéaire oubliée

Ce qui nous a frappés, c’est le calme un peu étrange. On nous avait vendu un endroit bondé, ultra-touristique. Et pourtant…

  • la grande roue ne tourne pas, figée dans une époque passée
  • les restos ferment tôt ou n’ouvrent pas du tout
  • les magasins de souvenirs sont vides, poussiéreux
  • il y a des routes à moitié ouvertes, des canalisations apparentes, comme si un chantier avait été mis en pause… et oublié depuis

Un sentiment planant de « ça a été, un jour, un lieu vivant ». Sans doute avant le COVID, sans doute avant la guerre. On devine un passé animé, mais aujourd’hui, on est seuls. Aucun touriste occidental en vue, juste quelques russes en Lada. Une bulle hors du temps. Un lieu figé. Beau, mais un peu triste.

Dernier soir face au lac

Le deuxième soir, on tombe sur un café tranquille, avec vue directe sur l’eau. Quelques tables en bois, une lumière orangée, un silence de bout du monde. On s’installe. On respire. C’est doux, c’est lent. On reste là longtemps, à regarder le soleil tomber sans bruit sur l’horizon.

Un instant parfait.

On aurait aimé aller au bistrot français repéré sur Maps. Il est fermé. Définitivement, vu l’état de la devanture. Même ici, la francophonie a pris une pause indéfinie.

Et puis le retour

Le lendemain, on refait le trajet dans l’autre sens. Piste de terre, ferry, minibus à fond les ballons, stop dans le même routier (oui, même soupe), et retour à Irkoutsk. On y restera 24 petites heures avant de relancer la machine, retrouver nos valises, notre Google Translate, nos horaires de trains, et notre frénésie ferroviaire.

Mais pendant 48h, on a respiré. On a laissé nos pas nous guider, sans trop se demander pourquoi. Et ça fait du bien.

En résumé

📍 LieuÎle d’Olkhon – Lac Baïkal
🛏 Logement50 €/nuit pour 2, vue lac
🚌 TransportBus A/R 34 € par personne
🥣 Nourriture≈ 6 € / repas
🕓 Temps sur place2 nuits / ~48h
🚿 BonusLessive à la main et pause mentale assurée

❤️ Ce qu’on en retient

C’était notre bulle dans le Transsibérien. Une escale sans ambitions, sans planning. Juste le plaisir de prendre son temps, de s’émerveiller, de ralentir. Le Baïkal en été, c’est calme, c’est grandiose, c’est presque méditatif.
Et même si l’île n’est pas le “paradis ultime” que certains décrivent, c’est une étape à part, un souffle. Et ça, ça valait bien les secousses du minibus.