Est-ce dangereux de voyager en Russie en 2025 ? (Spoiler : non, mais…)

Soyons clairs dès le départ : partir en Russie, en 2025, ce n’est pas exactement comme faire un city break à Copenhague. Entre le contexte géopolitique tendu, les sanctions, les cartes bancaires qui refusent de collaborer et les regards parfois un peu froids… on peut légitimement se poser la question :
Est-ce que je vais me sentir en sécurité là-bas ? Est-ce que c’est une bonne idée ?
Allez, on te raconte comment ça s’est passé pour nous, sur le parcours du Transsibérien.

✨ Douane russe : théâtre d’ombres et de sueurs froides

Autant te dire que le passage de la frontière russe, ce n’est pas exactement comme glisser son passeport dans la machine automatique à Madrid. Là, c’est regard de l’agent planté dans le tien, feuilletage intense de ton passeport, check de visa au microscope et petit moment de flottement pendant que tu te demandes si tu as bien coché toutes les cases du formulaire d’entrée.

Mais… c’est impressionnant surtout parce qu’en tant que Français, on n’a plus l’habitude de passer des vraies frontières. En vrai, tout s’est bien passé. On a même eu droit à un “Welcome” (avec l’accent) à l’arrivée à Vladivostok. Et non, personne n’a fouillé nos sacs ou cherché notre appartenance à un quelconque réseau d’espionnage.

Enfin… presque. Parce que dans le train, un monsieur un peu curieux nous a demandé, via Google Traduction, si on était des espions.
On a ri (jaune), et on ne saura jamais s’il plaisantait.

👮‍♂️ Une Russie ultra-militarisée… mais pas dangereuse pour autant

Oui, la présence militaire saute aux yeux. Entre les affiches de recrutement pour l’armée (souvent très patriotiques, très fières, très… testostéronées), les policiers qui patrouillent dans les gares et les uniformes à tous les coins de rue, il y a un petit côté « on surveille tout ». Mais pas dans le sens « on va vous embêter », plutôt dans le sens “on tient le pays d’une main ferme”.

Et dans la réalité ? On ne s’est jamais sentis en insécurité.
Même la nuit, en ville, on s’est promenés tranquillement. Je suis une fille, j’ai voyagé en jean basket sac à dos et je ne me suis pas sentie plus exposée qu’à Paris.
Les gens sont dans leur monde, ils ne te regardent pas trop, personne ne t’embête.

🛤 Dans le Transsibérien : le monde protège

Le Transsibérien, c’est un peu une grande famille roulante. Et plus y a de monde, plus tu es en sécurité.

On faisait évidemment un peu attention à nos affaires (surtout dans les grandes gares), mais on n’a jamais eu à s’inquiéter.
Ton sac est calé sous la couchette, ton petit sac près de toi, et c’est tout.
Le monde autour agit comme un filtre naturel. C’est pas comme un hall de gare vide à 2h du matin, là c’est un wagon plein de mamans, d’enfants, de babouchkas… Tu peux dormir tranquille.
(Enfin… si le gamin de la couchette d’à côté ne décide pas de sauter du haut comme Spiderman à 3h du matin. Mais ça c’est une autre histoire.)

😐 Le vrai mur : la langue

Alors là, on te le dit franchement :
jamais on ne s’est sentis aussi déconnectés d’un pays. Même au fin fond de la Thailande, y avait toujours moyen de se faire comprendre avec trois gestes et un sourire.
En Russie, c’est simple : zéro anglais. Même “water” peut te faire passer pour un extra-terrestre.

Demander une bouteille d’eau devient une mission commando. Acheter un billet de train ? Une épreuve de mime.
Et là, tu réalises que ne pas pouvoir communiquer du tout, ça crée une vraie barrière.

Alors on dégaine Google Traduction, on apprend deux-trois mots :
« Spasiba » pour dire merci, et tu vois parfois le visage se détendre, le sourire timide apparaître. C’est pas gagné, mais ça passe.
Ce pays est vaste, fermé, et les Russes sont parfois un peu austères au premier abord, mais derrière cette façade glaciale, il y a souvent de la chaleur. Il faut juste un peu creuser.

Arrivé vers Moscou ça se détend, encore plus a saint Petersbourg mais bordel .. au début c’est pas simple…

💸 L’autre galère : l’argent

La grosse angoisse du voyage.

Avec les sanctions occidentales, ta bonne vieille carte Visa ou Mastercard ne fonctionne absolument nulle part. Ni dans les gares, ni dans les hôtels, ni au distributeur. Rien.
Donc tu arrives avec ta liasse de cash, que tu changes dans une petite échoppe planquée dans une galerie marchande (on te donnera les adresses). Et à partir de là, c’est de la gestion millimétrée.

Tu comptes, tu anticipes, tu psychotes un peu :
“Et si on veut se faire un resto ce soir ? Et si on a besoin d’un taxi demain ? Et si je veux m’offrir une bouteille de vodka souvenir ?”
Tu fais des choix. Et parfois tu te prives. Pas pour des raisons de sécurité, mais parce que ton budget est en liquide et qu’il n’y a pas de plan B.

Et si ça t’intéresse : comment payer en Russie ? Mm

🗣️L’ambiance sur place, les gens, les discussions, ça donne quoi ?

Franchement, on ne va pas te mentir : la Russie, ça fout un peu les jetons au premier abord. Surtout quand tout est écrit en cyrillique, que t’as pas de carte bancaire qui fonctionne et que même Google Translate baisse les bras. La langue est une VRAIE barrière. Pas juste un obstacle mignon qu’on contourne avec des gestes et des sourires. Non, un vrai mur de béton armé. La communication est parfois tellement laborieuse que ça vire à l’absurde… ou à l’angoissant.

Et pourtant, les Russes peuvent être incroyablement gentils. Ils t’offrent des tomates-cerises dans le train, du pain, du et te souhaitent un bon voyage. Mais parfois, on tombe sur des situations plus tendues, où la gentillesse laisse place à l’incompréhension, voire au malaise total. Je t’en explique une comme ça pour que tu comprennes un peu l’ambiance sur place :

C’est ce qui s’est passé dans un de nos trajets entre Krasnoyarsk et Iekaterinbourg. On n’avait pas réussi à réserver de couchette en troisième classe, c’était complet partout (littéralement tous les trains blindés, même hors saison), donc on s’est rabattus sur une deuxième classe un peu à contrecœur – parce que c’est cher pour ce que c’est. On voulait éviter d’avoir deux couchettes du haut et être dans le même compartiment, donc pas trop le choix.

Dans notre cabine : deux collocs. Le premier, un ancien soldat amputé des deux pieds. Très gentil mais visiblement traumatisé. Il a tenté de nous raconter son histoire, mimant des fusils, répétant le mot « soldat » avec insistance. C’était à la fois touchant et franchement déroutant. Le quatrième passager du compartiment a essayé de traduire vaguement que c’était un « héros de la nation ». On a cru comprendre qu’il avait combattu en Ukraine mais ce mot n’a jamais été prononcé.  Entre son anglais approximatif, notre russe inexistant et le bruit du train, on a compris un quart des infos, au mieux.

À un moment, on a mentionné qu’on allait en Estonie ensuite. Et là, l’ambiance a changé. Visiblement, ce n’était pas le bon plan. On s’est pris une envolée de discours sur les « pays de traîtres », sur Macron et sur la Russie incomprise, seule contre tous. Le ton est monté un peu. Rien de violent, mais un vrai malaise. Tu vois que tu n’es pas en terrain neutre. Que ta nationalité te colle à la peau, et que ça ne fait pas que des heureux.

Et là, tu te retrouves à bredouiller des trucs genre « je ne fais pas de politique », sauf que personne ne te croit. Tu souris bêtement, tu hoches la tête, tu te retrouves presque à dire que tu soutiens Poutine juste pour que la tension retombe. Spoiler : on ne soutient évidemment pas Poutine. Mais dans ce genre de moment, tu choisis le confort immédiat à la géopolitique.

Bref, c’était 36h de cohabitation qui se sont, en réalité, très bien passées. On a partagé des repas, on a rigolé un peu, on a dormi (moyennement, certes). Mais ce moment reste gravé. Parce qu’il te rappelle que tu es dans un pays en guerre, ou du moins en confrontation ouverte avec ton propre camp. Et que pour certains Russes, l’étranger, surtout occidental, surtout français, reste un potentiel ennemi.

J’ajoute qu’on a croisé plusieurs personnes avec des t-shirt «  soutien de Poutine ». Ca fait une ambiance un peu bizarre.

Est-ce qu’on s’est sentis en danger ? Non pas physiquement. Mais émotionnellement, c’était lourd. Et ça fait partie de la vérité d’un voyage en Russie aujourd’hui : la bienveillance existe, mais elle peut cohabiter avec la méfiance, les non-dits, les rancunes politiques, les traumatismes et une énorme barrière de langue. Il faut le savoir avant de monter dans le train.

🧭 Et donc, est-ce qu’on part en Russie ou pas ?

Franchement ?
Oui. Mais pas à l’arrache.

👉 On s’est sentis en sécurité tout le long du Transsibérien.
👉 Les villes traversées (Vladivostok, Khabarovsk, Irkoutsk, Oulan-Oude…) sont calmes, propres, bien tenues, parfois un peu endormies mais jamais flippantes.
👉 Les trains sont routiniers, bien rodés, avec une ambiance de colonie ferroviaire, où tout le monde se connaît vite.

Mais il faut être conscient que :

  • Tu seras déconnecté de plein d’outils habituels (ta banque, ton langage, Google Maps parfois)
  • Le contexte géopolitique peut déstabiliser (et certains ne voudront tout simplement pas y mettre les pieds, ce qu’on comprend parfaitement)
  • Le contact humain est moins fluide, et tu ne reviendras pas avec des histoires de dîners chez l’habitant. Le communisme a laissé des traces. C’est l’efficacité et la rationalité qui priment et c’est souvent, pour nous latins, déstabilisant.

Mais si tu cherches l’aventure, le train mythique, les forêts de Sibérie à perte de vue et un pays qui vit totalement à son rythme, tu peux partir serein.

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En résumé

CritèreSécurité
DouaneImpressionnante, mais ok
En villePlutôt safe, même de nuit
TranssibérienSuper tranquille
Contexte politiquePrésent, visible, mais pas menaçant pour les voyageurs
Risques concretsQuasiment aucun (hors zones frontalières sensibles)
LangueGROS mur
Paiement100 % cash, prévoir en avance

Et toi, t’es plutôt du genre à prendre ton sac et foncer, ou à attendre que la géopolitique se détende ?
Si t’as des questions concrètes pour organiser ton voyage en Russie malgré tout ça, tu peux les poser en commentaire ou m’écrire.
Promis, j’y répondrai sans Google Traduction. 😉