✧ Halte à Krasnoïarsk : frites, forêt et orage bienvenu ✧

Quand on débarque à Krasnoïarsk à 8h du matin, on est dans un état de flottement étrange. Ni vraiment réveillés, ni tout à fait endormis, et encore moins prêts pour une rando en forêt suivie d’un tour au zoo (non merci). On veut juste… s’asseoir. Respirer. Alors on joue la sécurité et on retourne dans un repère qu’on connaît : Traveller’s Coffee, une chaîne bobo qu’on avait déjà testée à Oulan-Oudé. Ça ouvre tôt, c’est cosy, les tasses sont énormes et on s’y sent un peu comme dans un épisode de « Friends » transposé en Sibérie.

Projet numéro 1 : le petit déj

On commence avec un petit déjeuner qu’on imagine en mode croissant, café et œufs brouillés et on finit avec des frites, une saucisse, et des mini-sandwichs. En fait, tout le monde fait pareil autour de nous. À croire que la fatigue pousse à la démesure calorique. On observe nos voisins empiler les plats comme s’ils s’apprêtaient à marcher jusqu’en Mongolie. On se dit que ce serait dommage de rompre l’unité nationale, alors on avale tout. À Rome fais comme les Romains. En Sibérie, fais comme les types qui commandent des frites à 9h du matin.

On traîne, on traîne… tant pis pour le centre-ville, on l’explorera plus tard. À midi, on débarque à notre hôtel, un peu excentré (classique, vu qu’on réserve toujours au dernier moment). En traversant la ville pour y aller, on réalise que Krasnoïarsk est plutôt jolie : de grands boulevards, une lumière rasante sur les immeubles pastel, des façades pimpantes, un fleuve, des parcs… on ne s’y attendait pas, et on aime bien.

La réceptionniste de l’hôtel parle un anglais presque parfait – un petit miracle dans cette aventure où on communique souvent avec des gestes, du mime et un traducteur approximatif. Elle nous indique gentiment un coin de randonnée : la réserve naturelle de Stolby, au sud de la ville. C’était d’ailleurs notre principal objectif en marquant l’arrêt ici, donc c’est parfait.

Stolby, l’appel de la forêt

Stolby (ou « les Piliers » en russe), c’est une réserve naturelle classée, à une vingtaine de kilomètres de Krasnoïarsk. Le genre d’endroit que les Russes adorent pour le week-end : de la forêt, des rochers géants, des sentiers bien balisés, et un grand bol d’air.

Un taxi Yandex (5€, merci la Russie) nous dépose à l’entrée. Sur AllTrails, on a trouvé un parcours qui nous inspire : une longue route forestière d’environ 7 km, large comme une autoroute piétonne qui monte doucement, jamais trop raide, parfait pour digérer notre petit-déj à la saucisse suivie d’une boucle d’un peu plus de 2 km à faire au bout de la montée, au cœur de la forêt, là où apparaissent enfin les fameuses Stolby, ces monolithes rocheux plantés au milieu des sapins.

C’est bucolique et dépaysant, ça nous fait du bien de quitter la ville. On a enfin l’impression de bouger vraiment parce qu’à part deux footing express depuis notre arrivée en Russie, on est surtout des marcheurs de trottoirs. Là, nos jambes respirent, nos poumons aussi. Et même si certains montent en sandales (oui oui, c’est un truc), une bonne paire de baskets est recommandée.

Arrivés en haut, il y a quand même 700 mètres de dénivelé, l’ambiance est détendue : stand de limonade, pique-nique familial, selfies contre rochers, enfants en tongs qui grimpent là où on ne mettrait même pas un pied. C’est le genre de balade qui te fait du bien sans te casser les mollets.

Quand l’orage te somme de rentrer

Le ciel commence à gronder au moment où on attaque la descente. Ça nous motive à redescendre au pas de course – on est en tenue de sport après tout, autant en profiter pour simuler un peu de cardio. On termine la rando trempés et on se réfugie dans un petit resto juste à côté de l’arrêt de bus. Coup de bol : c’est une super surprise. Les portions sont énormes, c’est bon, pas cher, et on mange à 15h comme si c’était notre premier et dernier repas de la journée (ce qui n’est pas totalement faux, ça sera en tout cas le dernier).

Retour en taxi, et vu la pluie continue, on décrète officiellement que la journée est finie bien qu’il soit 17h30. Hôtel. Lit. Repos. L’orage tourne toute la soirée et une bonne partie de la nuit. Et même si on a l’impression de n’avoir « rien fait », on réalise qu’on n’a pas arrêté non plus. Marcher 16 km, se réorienter, chercher les sentiers, affronter les éléments… tout est activité ici, même l’inaction.

A l’aube, à l’heure ou blanchit Krasnoïarsk

Le lendemain, on se lève tôt – 6h du mat. On sort malgré tout pour jeter un œil à la ville avant de reprendre le train à 10h. Et surprise : c’est vraiment joli. Une ville moderne, propre, avec de grandes avenues, des immeubles colorés, une belle rivière et cette impression qu’on est dans un grand centre urbain russe qui fonctionne très bien. Ce n’est pas Moscou, mais ce n’est pas un bled paumé non plus. C’est vivant, calme, structuré.

Difficile de dire plus en quelques heures, mais on part avec une impression très positive. Krasnoïarsk, tu es jolie, on t’a peu vue, mais tu nous as fait du bien.