C’est quoi l’itinéraire parfait pour le Transsibérien ?
Réponse rapide : il n’existe pas. Voilà, fin de l’article. Merci, au revoir.
Bon ok, on reste. Parce qu’en vrai, cette question est à peu près aussi simple que « c’est quoi le meilleur plat de pâtes ? ». T’as mille options, aucune mauvaise réponse, mais si tu te plantes sur les ingrédients ou les quantités, tu peux finir avec une indigestion ou un bête aller-retour Moscou-Irkoutsk sans avoir rien vu.
Déjà, il faut poser une base : le Transsibérien, c’est près de 9 300 km de rails, 7 fuseaux horaires et 3 semaines de vie condensées dans des compartiments où tu dors à 10 centimètres d’un inconnu qui te regarde manger des nouilles. Si tu veux tout voir, il te faut… environ 3 ans, un sponsor, et des genoux solides. Mais comme t’as ni l’un ni l’autre, va falloir faire des choix.
Combien de temps tu as ? Spoiler : pas assez
Nous, on a mis 21 jours. Et franchement, c’était short. Pas dans le sens « stress », mais plutôt dans le sens où on avait encore envie d’en voir plus, d’en faire plus, et qu’on a fini les fesses aussi plates qu’une crêpe bretonne. Mais 3 semaines, c’est à mon sens le minimum pour commencer à comprendre ce qu’on fait là, entre deux gares improbables aux noms à rallonge.
Mongolie ? Chine ? Russie ? Le dilemme géopolitico-logistique
Tu verras sur les forums que certains combinent le Transsibérien avec un détour en Mongolie, ou une descente en Chine, ou encore un finish façon kung-fu à Pékin. Magnifique sur le papier. Mais… nous, on a fait que la Russie. Pas forcément par choix, mais plutôt parce que 2025, hein. Un contexte tendu, des visas en mode parcours du combattant, des billets d’avion vendus à la sauvette sur des plateformes ouzbèkes… on s’est dit : restons simples.
Donc ici, on va parler d’un itinéraire 100% Russie, et ça tombe bien, parce que la Russie, c’est déjà plusieurs pays en un. Vraiment. Le Baïkal et Moscou ? Rien à voir. Vladivostok et Saint-Pétersbourg ? Un monde d’écart.
Notre itinéraire : 21 jours, 7 villes, 9 compartiments, et alternance entre paquets de nouilles lyophilisées, pirojkis de la gare et wagon restaurant
Nous, on a fait :
Avion jusqu’à Vladivostok puis – Khabarovsk – Oulan-Oudé – Irkoutsk – Krasnoyarsk – Iekaterinbourg – Moscou – Saint-Pétersbourg -Bus jusq’a Tallinn
Et tu sais quoi ? C’était pas l’itinéraire parfait, mais c’était un excellent itinéraire imparfait.
Pourquoi on a aimé notre itinéraire :
- Le nombre d’arrêts. Moins, on aurait eu l’impression de faire « que » du train. Plus, on aurait passé notre temps à courir entre les gares. Il y a des villes qu’on a faites en 24h. Décemment, on ne peut pas faire moins.
- On a vu des paysages très différents : taïga, steppe, lacs, forêts, immeubles soviétiques délavés, églises dorées qui brillent même sous la pluie. Il faut des arrêts espacés et pas 10 entre Moscou et Iekaterinbourg puis plus aucun jusqu’à Vladivostock.
- Chaque ville avait un truc à raconter. Même les petites, même celles qu’on n’a pas trouvées « incroyables ». C’est pas que t’es ébloui à chaque arrêt, mais t’es dépaysé à chaque fois.
- Le rythme était soutenu mais jouable. On a eu du temps pour traîner, respirer, manger des pirojkis et se faire des parties d’Heros Realms dans notre chambre d’hôtel. Taux de victoire 50%. C’est ce que l’histoire retiendra.
Ce qu’on a appris sur le timing
Règle d’or : passer au minimum deux fois plus de temps hors du train que dans le train.
Oui, le train c’est une expérience en soi, mais passé 24 heures à bord, l’euphorie retombe un peu. 50h de train d’un coup (coucou Vladivostok–Oulan-Oudé), c’est hardcore. Tu vis entre les banquettes, les toilettes parfois douteuses, et les samovars d’eau chaude pour les nouilles. Et tu découvres vite que le voyage dépend énormément de tes voisins.
Donc mieux vaut multiplier les arrêts. Même des villes au nom obscur peuvent te surprendre (ou au pire, tu peux te reposer et manger une soupe à 2€).
Quelques regrets et quelques options en plus
On n’a pas fait Kazan, Nijni Novgorod, Novossibirsk. Pas parce qu’on ne voulait pas, mais parce qu’il faut bien choisir. Et à un moment, même les rails ont une fin.
Si t’as un peu plus de temps (genre 28 à 30 jours), tu peux :
- Ajouter Tchita, Omsk ou Perm sur la route.
- Prendre le temps de rester plusieurs nuits au bord du Baïkal, faire une rando, prendre un banya et laisser ton corps dire merci.
- Faire une halte de 2-3 jours à Kazan pour la vibe musulmane/slave hyper photogénique. ( mon regret mais bon !)
Pratique : comment construire ton itinéraire Transsibérien
- Les horaires de train sont consultables sur rzd.ru (site officiel des chemins de fer russes). La traduction automatique de google est très bonne ?
- Les billets peuvent être réservés en ligne, mais ils sont souvent bien moins chers au guichet, surtout pour les petits trajets.
- Attention aux petites gares : certains arrêts « cassent » la logique du réseau, comme Oulan-Oudé – Irkoutsk. C’est court, mais cher, car ça gêne le système. Oui, même le train peut être passif-agressif.
Sens du trajet : Est-Ouest ou Ouest-Est ?
Nous, on a fait Est-Ouest, c’est-à-dire de Vladivostok à Moscou. Et franchement ? On recommande.
Pourquoi ?
- Parce que tu termines sur du connu. Moscou, c’est un peu une respiration dans tout ce mystère russe. Et si tu continues jusqu’à Saint-Pétersbourg, c’est même un petit luxe visuel.
- Parce que tu remontes le temps : le décalage horaire se réduit au fil du trajet. Tu te rapproches de chez toi, de ta langue, de ton fuseau. Un truc presque psychologique, mais vachement agréable.
Et si tu veux faire un demi- transsibérien ?
Pas le temps ? Trop cher ? T’as peur des trains ? Tu peux :
- Faire un Irkoutsk – Vladivostok, plus « sibérien » dans l’âme. Tu croises moins de touristes, plus d’ours (ok, peut-être pas).
- Ou faire un Irkoutsk – Moscou, qui concentre l’essentiel : le Baïkal + le choc Moscou.
Retour d’expérience : il n’y a pas d’itinéraire parfait, juste le tien
Faire le Transsibérien, c’est pas cocher des cases. C’est choisir de ralentir, de dormir sur des banquettes molles, de manger du pain noir avec du poisson fumé à 9h du mat’, de discuter sans langue commune, et de se laisser porter. C’est un voyage dont tu ne contrôles pas tout, et c’est ça, le vrai luxe.
Donc non, il n’y a pas d’itinéraire parfait. Il n’y a que des trains qui partent, et des noms de gare sur une carte où tu te dis « tiens, si je descendais là ? ».
Et tu sais quoi ? C’est très bien comme ça.