3 jours à Moscou, comme un bouquet (presque final) à notre périple transsibérien

Après 36 heures de train depuis Iekaterinbourg, une dernière gamelle de nouilles au bouillon un peu louche et un voisin de compartiment qui a ronflé toute la nuit comme s’il avait un moteur diesel dans le nez, on débarque à Moscou à 8h du matin, avec nos sacs et nos illusions.Il pleut (of course), on commence a être sacrement KO mais on se dit que ça y est : on est au bout du Transsibérien. Enfin, pas tout à fait. Parce que notre vraie fin russe à nous, ce sera Saint-Pétersbourg. Mais disons que là, on entre dans la Russie version capitale.

Jour 1 : Galères et coups de coeur comme synonyme de notre voyage russe

Coup de cœur immédiat (malgré la pluie). On longe la Moskova, on croise des parcs trop bien taillés, des statues géantes, des bâtiments ultra imposants. La ville est propre, immense, organisée, presque intimidante après nos étapes plus « roots ». On arrive à la Place Rouge : oui, elle est vraiment rouge, oui, la cathédrale Saint-Basile est encore plus irréelle en vrai qu’en carte postale, et oui, tout est photogénique.On se pose dans un café un peu chic, on boit un café filtre (hors de prix mais mérité), et on souffle. On est fiers. On a traversé la Russie. On est vivants. On sent presque bon. On va dormir dans un vrai lit ce soir. Enfin, c’est ce qu’on croyait.

L’hôtel-gate de Moscou (ou la Russie qui te rattrape par la paperasse)

C’est l’après-midi. On arrive à notre hôtel réservé des mois à l’avance, dans un quartier bien placé, un petit cocon qu’on s’imaginait parfait pour nos trois jours moscovites. Sauf que la réceptionniste, genre la cousine froide et rigide d’un contrôleur SNCF, nous regarde et demande tranquillement :

« Vos enregistrements de séjour en Russie, s’il vous plaît. »

Nous : « Pardon ? Nos quoi ? »

Elle :« Vos registratsiya. Les documents officiels prouvant où vous avez dormi chaque nuit en Russie. »

Nous : « Bah, on a les réservations Zenhotels et nos billets de train, ça suffit pas ? »

Elle (sans même lever un sourcil) : « Non. Pas du tout. »

Et là, c’est la panique. On essaie d’argumenter, de négocier, de sortir toutes nos preuves de bonne foi. Elle ne bronche pas. Elle refuse catégoriquement de nous enregistrer. Pas de papier = pas de chambre. Et c’est non négociable.On sort, sac au dos, trempées par une pluie de plus en plus déprimante, et on enchaîne deux, trois autres hôtels dans les environs. Tous nous sortent la même exigence. On commence à se dire qu’on va devoir dormir sur un banc du parc Gorki (très sympa au demeurant, mais pas prévu pour ça).

Finalement, on trouve un petit hôtel un peu plus souple, situé dans une ruelle quelconque, tenu par une dame à lunettes qui, elle, accepte de nous héberger… en doublant le prix initial. On hésite 0,2 seconde. On accepte. On monte dans la chambre. On se regarde, trempées, épuisées, un peu sur les nerfs mais comme depuis 3 semaines, on essaie de prendre les choses avec philosophie.

Moralité ? En Russie, l’enregistrement est obligatoire dès que tu restes plus de 7 jours, et ce sont les hôtels qui doivent le faire. Donc si t’as dormi chez l’habitant ou que t’as pris des trains de nuit : galère. On t’aura prévenu.

Derniers billets achetés

On a acheté nos billets pour Saint-Pétersbourg le premier jour (et heureusement).Avant de galérer avec l’hôtel, on avait eu l’intelligence suprême de filer directement à la gare à notre arrivée pour acheter nos billets vers Saint-Pétersbourg. 3e classe ? Impossible. Plus que des places en 2e. Et encore, pas celles qu’on voulait.On ne voulait ni les couchettes du haut (trop galère à grimper, zéro intimité), ni être séparés, donc on a dû prendre la 2e classe à contre-cœur. Beaucoup plus chère pour pas grand-chose de plus, à part un peu d’espace et un rideau.Mais bon, vu la tension qui allait suivre avec l’hôtel, on s’est dit qu’au moins, ça c’était fait.

A quoi ressemble Moscou ?

La ville de Moscou a quelque chose d’impressionnant : c’est carré, ordonné, immense, et surtout propre. Genre : vraiment propre. Pas un papier qui traîne, pas un SDF en vue (en tout cas pas dans l’hypercentre), pas de chien errant. Tout est lisse, peut-être un peu trop, mais après deux semaines de gares poussiéreuses et de toilettes à squat, ça fait du bien.

On remonte lentement vers le centre, en suivant la Moskova. On voit les clochers de Saint-Basile poindre à l’horizon, et là, c’est un peu l’effet carte postale. La place Rouge, ce n’est pas juste un cliché touristique. C’est un choc visuel. Rouge, gigantesque, parfaitement symétrique. Avec d’un côté le Kremlin et son mur rouge brique, de l’autre le GUM (ce centre commercial de luxe qui ressemble à une cathédrale), et en bout de ligne la fameuse cathédrale multicolore.On en oublie presque qu’on pue la fatigue. On entre dans un café avec vue, un peu classe, on commande un cappuccino hors budget et on regarde les gens passer. Des femmes ultra sapées, des couples, des jeunes, des touristes chinois et… des militaires. Moscou est un kaléidoscope. Et pour une capitale, c’est étonnamment calme.Petit détour par le parc Zariadié, juste à côté de la place Rouge, avec une passerelle suspendue au-dessus de la Moskova. Tout est propre, moderne, bien pensé. Les toilettes y sont même… gratuits et propres (oui, c’est suffisamment rare pour être noté).

Après le drama de l’hôtel, on décide de finir la journée à pied, pour digérer tout ça. On fait un crochet par les quartiers historiques derrière la cathédrale du Christ-Sauveur, on tombe sur des ruelles ultra mignonnes, et on se dit que Moscou a ce truc d’être à la fois massive et intimiste, ce qui est franchement surprenant pour une ville de plus de 12 millions d’habitants.Le soir ? Un resto géorgien, parce que c’est bon, pas cher, et qu’on en a marre des nouilles instantanées. Premier vrai repas depuis 3 jours : j’ai failli pleurer sur mes khinkalis.

Jour 2 : Moscou, Kremlin et parc Gorki

On se motive pour jouer les bons élèves. Direction le Kremlin, parce qu’on ne peut décemment pas venir à Moscou sans y mettre un pied. On prend les billets pour l’armurerie, et… bon. C’était pas mon moment préféré. Y’a plein de trucs, très vieux, très dorés, très “regardez la puissance impériale”, mais on n’a pas vibré. Peut-être la fatigue. Peut-être que deux semaines et demi de road trip t’érodent un peu l’enthousiasme culturel.On sort de là et il fait BEAU. Enfin ! On décide donc d’aller profiter de la lumière au parc Gorki. Et là, énorme surprise : c’est THE place to be. Il y a des fontaines, des meufs qui font du yoga en legging fluo, des familles sur des pédalos, des stands de glaces, des vélos partout. C’est un mélange entre Central Park et la Croisette. Sauf qu’on est à Moscou.On prend un café glacé à emporter, on s’étale sur une chaise longue et on regarde les gens. On déconnecte. C’est la première fois depuis longtemps qu’on se sent en vacances.Le soir ? Re resto géorgien (quand on aime…), puis balade au bord du canal. Et là, encore un moment suspendu : des vieux dansaient en ligne, sur de la musique qu’on imagine des années 70 russes. On s’est arrêtées net, sourire jusqu’aux oreilles. C’était simple, joyeux, totalement inattendu.

Jour 3 : Moscou, marchés, souvenirs et la fatigue qui commence a peser

Dernier jour moscovite et on le sent passer. Physiquement, on est morts On a accumulé les nuits bancales, les heures de transport, les petits stress et les kilos de bagages. Mais on ne veut rien rater.On part faire un tour au marché Izmaïlovo : c’est un mélange entre un village médiéval Disney, un souk et un vide-grenier géant. Il y a des chapkas, des poupées russes, des soldats en bois, des posters soviétiques, des ceintures de l’armée rouge, des babioles kitsch… Bref, le paradis du souvenir.On papote avec quelques vendeurs, on négocie deux-trois trucs, on rigole bien. Et on se rend compte que l’ambiance à Moscou est bien plus détendue qu’on ne le pensait. Oui, il y a des flics partout. Oui, la ville est sous haute surveillance. Mais nous, on ne s’est jamais senties en insécurité, ni même surveillées.Dernier détour par les galeries du GUM, où on croise des boutiques de luxe absolument vides (mais climatisées !), puis on remonte une dernière fois vers la Place Rouge pour une photo souvenir, version « on l’a fait ».Le soir, on plie bagage. Le train pour Saint-Pétersbourg est pour demain. Ce ne sera plus vraiment le Transsibérien, mais c’est le symbole de la fin. On sent que le voyage touche à sa fin, et c’est doux-amer. On est épuisées, mais on n’a pas envie que ça s’arrête.

En résumé … Moscou, la surprise finale

*Ce qu’on a aimé :

  • L’architecture monumentale mais pas étouffante.
  • Les contrastes : du luxe, de l’histoire, des parcs chill, des gens simples
  • Le parc Gorki, Saint-Basile, les bords de canal en fin de journée
  • La ville safe, propre, fluide
  • Le réseau de métro (sublime), même si en rénovation parfois

*Ce qu’on aurait pu zapper :

  • Les galères d’enregistrement dans les hôtels (prévois un plan B)
  • Le prix des billets de train dernière minute (aïe)

Astuces pratiques

  • Imprime ou fais-toi envoyer les enregistrements de chaque nuit passée en Russie
  • Si tu voyages en train de nuit, trouve un hôtel qui accepte de t’enregistrer même sans y dormir (parfois pour quelques roubles, ils le font)Achète tes billets de train dès ton arrivée dans une grande ville
  • Prévois des chaussures confortables, tu vas beaucoup marcher

Et surtout, prends ton temps. Moscou mérite qu’on s’y pose !

Et notre dernière étape : Saint Pétersbourg !