⛰️Petits tips pour ne pas attraper ou en tout cas limiter le mal des montagnes

Schéma, taux d’oxygène dans le corps en fonction de l’altitude.

Tu prévois un voyage au Pérou, en Bolivie ou en Équateur ? Tu rêves de paysages de haute altitude, de treks dans les Andes et de selfies à 5000 mètres ? Très bien. Mais avant de partir, parlons d’un sujet que trop peu de voyageurs prennent au sérieux : le mal d’altitude (aussi appelé soroche là-bas).

Car non, ce n’est pas un mythe, ni un détail. Et non, ce n’est pas parce que tu fais du yoga ou que tu montes quatre étages sans t’essouffler que tu vas y échapper.

Je t’embarque dans mon expérience très réelle et un peu chaotique du mal des montagnes entre Arequipa, Cusco et le Salkantay trek, histoire que tu saches à quoi t’attendre.

Tu veux savoir :

  • À partir de quelle altitude ça devient dur ?
  • Comment reconnaître les symptômes ?
  • Comment éviter de finir en PLS à 4000 mètres ?
  • Pourquoi il ne faut pas aller direct à la Rainbow Mountain ?

Alors lis bien ce qui suit. Parce que survivre à l’altiplano sud-américain, c’est un peu comme manger du piment fort : tout le monde croit que ça ira… jusqu’à ce que ça pique vraiment.

Mal de l’altitude : c’est quoi ce bazar physiologique ?

Le mal de l’altitude ou mal aigu des montagnes (MAM), c’est une réponse du corps à un manque d’oxygène. Plus on monte, plus la pression atmosphérique diminue… et moins l’oxygène est disponible. Résultat : ton corps panique un peu, ton cerveau gonfle parfois (oui oui), et tu peux avoir des maux de tête, nausées, vertiges, insomnies, voire hallucinations ou œdème cérébral/pulmonaire dans les cas les plus sévères.

Ça peut commencer dès 2500 mètres chez certaines personnes, mais c’est à partir de 3500-4000m que la majorité commence à sentir des effets. Et au-delà de 5000-5500m, c’est un nouveau palier, plus brutal :

  • Le corps est en dette d’oxygène constante
  • Le sommeil devient fragmenté voire impossible
  • La digestion ralentit fortement
  • Le cerveau, en manque d’oxygène, peut délirer un peu

Donc oui, ça peut bien se passer à 3500m… et devenir un enfer à 5000m. Ne te fie pas trop à tes premiers jours.


Arequipa : premier round, je m’en sors bien (trop bien)

À mon arrivée à Arequipa (2335m), je m’attendais à sentir un petit vertige, un essoufflement, voire un petit effet vin rouge à jeun. Et… rien. Juste un peu la tête qui tourne si je courais après les chiens errants, mais rien d’inquiétant. J’ai même mangé un alpaga grillé sans vomir derrière. Autant dire que je me suis sentie prête à conquérir les Andes. Je épète sans cesse que je suis savoyarde. Quelle arrogance.

Je me suis dit : “L’altitude ? Pfff, même pas peur.”


Cusco : la gueule de bois céleste

Erreur de débutante : j’ai loupé mon vol interne pour Arequipa, ce qui a décalé tout l’itinéraire.

Résultat : une seule journée sur place avant de partir pour le Salkantay trek (et pas les 2-3 jours d’acclimatation recommandés par tous les blogs sérieux ).

Et là, Cusco (3399m) m’a mis une claque. Littéralement. Dès l’arrivée :

  • Mal de tête façon lendemain de soirée au rhum bon marché
  • Vertiges en descendant… trois marches
  • Une incapacité à former des phrases cohérentes
  • Et une envie soudaine de dormir sur le trottoir

J’abuse un peu j’avoue mais j’ai connu des lendemains de cuite ou j’ai déjà été plus fraiche que ça. J’ai filé acheter des médicaments contre l’altitude. De toute façon, si tu rentres dans une pharmacie avec une bonne tête de touriste, la personne qui tient la boutique saura déjà surement ce que tu veux. J’en ai pris deux et, placebo ou pas, et tout est redevenu à peu près normal.


Départ du Salkantay trek : facile… trop facile ?

Contre toute attente, les deux premiers jours du Salkantay trek (qui monte jusqu’à 4630m tout de même !) ont été un jeu d’enfant.

On s’attendait à souffrir, à suffoquer, à supplier pour une bonbonne d’oxygène. Et pourtant :

  • Le col du Salkantay ? Une petite montée tranquille.
  • L’altitude ? Zéro symptôme.
  • La forme ? Olympique (enfin presque).

On se regardait tous un peu suspicieux dans le groupe : “C’est normal si on n’a rien ?”

Spoiler : c’était le calme avant la tempête.


Jour 4 et 5 : le mur invisible (ou quand ton corps dit stop)

C’est le lendemain du passage du col que tout a dérapé.

Les journées étaient plus faciles en dénivelé, mais :

  • On n’avait plus d’énergie
  • On transpirait en dormant
  • La moindre montée nous donnait envie de pleurer

Et là, le mal de l’altitude a changé de forme. Ce n’était plus une claque immédiate comme à Cusco, c’était une fatigue lente et profonde, une sorte de brouillard dans le cerveau et de lourdeur dans les jambes. Comme une grippe… mais en randonnée.

Même les plus sportifs du groupe (genre trail, crossfit et compagnie) étaient à genoux. Et on n’était qu’à 4000-4500m. Alors imagine à 5000 ou 5500m


Montagne arc-en-ciel : on a dit non, et on ne regrette pas

À la fin du trek, certains ont tenté la Montagne des 7 couleurs (Vinicunca), qui flirte avec les 5100m. Nous ? On a refusé collectivement,.

Et franchement, même si on est tous relativement sportifs, l’idée de monter à plus de 5000m juste après un trek nous paraissait suicidaire. Parce que c’est souvent après 5000-5500m que les vrais symptômes sévères débarquent : maux de tête intenses, nausées, confusion mentale, parfois œdèmes. Et on n’avait aucune envie de finir dans une civière portée par une mule.

Donc pas de photo Instagram au sommet de la Rainbow Mountain… mais une santé mentale et physique à peu près intacte. On a fait une autre balade, les 7 lacs et vu comme j’en ai chier c’était pas une si mauvaise idée !


Conseils pratiques : comment (essayer de) survivre au mal d’altitude

  1. Ne te fie pas à tes premiers jours ! Tu peux te sentir super bien à Arequipa et finir en boule à Cusco.
  2. Respecte les étapes d’acclimatation : 2-3 jours à 2500-3000m avant d’attaquer du 4000+, c’est pas pour rien.
  3. Bois des litres d’eau (même si tu dois faire pipi tous les quarts d’heure)
  4. Mange léger (les tripes de lama à 3500m, mauvaise idée)
  5. Feuille de coca : mâche-la, bois-la, bénis-la. Ce n’est pas magique, mais ça aide un peu.
  6. Médicaments : parle à ton médecin ! Le Diamox (acétazolamide) est souvent prescrit en prévention ou au début des symptômes. Il aide ton corps à s’adapter plus vite, mais il a aussi des effets secondaires (fourmillements, goût métallique, envie de pipi ++). D’autres solutions incluent l’ibuprofène ou le paracétamol pour soulager les maux de tête légers.
  7. Écoute ton corps : si tu te sens vaseux, repose-toi. N’insiste pas. L’altitude, ce n’est pas une compétition. Sur place, ils ont des médicaments qui sur moi ont calmé le mal de tête.
  8. Pas de Rainbow Mountain direct ! Beaucoup y vont dès leur arrivée à Cusco = beaucoup finissent mal.
  9. À 5000m+, tout change : même si tu gères bien le 4000, le palier au-dessus peut te surprendre. Prépare-toi psychologiquement et physiquement, et ne force jamais.

En résumé : bien gérer le mal d’altitude, c’est LA clé pour réussir ton voyage dans les Andes

Si tu pars au Pérou, en Bolivie ou en Équateur, retiens bien ceci :
Le mal d’altitude n’a rien à voir avec ta condition physique.
Tu peux être marathonien ou amateur de raclette, le soroche frappe sans prévenir.

Le plus vicieux ? C’est pas linéaire. Tu peux être en forme olympique à 3500m et avoir l’impression de vivre un épisode de « The Walking Dead » à 4800. Voir même l’inverse. D’où l’importance de prévoir des jours de repos, d’écouter ton corps, et de ne jamais minimiser les premiers symptômes.

Et si tu ne me crois pas… viens faire le Salkantay trek sans acclimatation. Tu verras.