Traverser les frontières terrestres : Sénégal – Mauritanie – Sahara Occidental – Maroc
Introduction : entre chaos et grande aventure saharienne : Faire Dakar-Paris par voie terrestre
C’est un voyage qui ne ressemble à aucun autre. Relier le Sénégal au Maroc par voie terrestre, en passant par la Mauritanie et le Sahara Occidental, faire le Paris-Dakar ( où dans ce sens le Dakar -Paris) c’est comme traverser un roman d’aventures où le sable, les coups de klaxon, les taxis collectifs et les coups de chaud remplacent les dragons et les quêtes mystiques. Pourtant, cette route existe, se fait bien, et peut même être traversée sans payer de « petit 5000 » – oui, oui, c’est possible, et on l’a fait. L’idée c’était de revenir jusqu’en France mais on s’est arrêté à Tanger pour d’obscures problèmes de passeport.
Pour les articles spécifiques aux pays vous pouvez lire les articles ci dessous, dans celui-ci le but est de se concentrer sur les passages de frontières :



Chapitre 1 : Saint-Louis du Sénégal, notre dernier bon café avant le désert
On commence à Saint-Louis, ville coloniale et ancienne capitale , parfaite pour une dernière pause avant l’inconnu.
On y dort pas cher, on y mange bien (mention spéciale au thieboudienne).
La prochaine étape, c’est Rosso. Et Rosso, c’est une frontière à la réputation sulfureuse.
L’astuce à savoir : Rosso, la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, est l’un des passages les plus conseillés dans les guides de voyage comme Le Routard, souvent recommandée pour sa simplicité apparente. Mais attention, elle peut se révéler plus compliquée qu’on ne le pense. Il existe en effet un autre passage, Diama, moins fréquenté mais plus direct. Nous avons opté pour Rosso pensant que ce serait plus simple.

Chapitre 2 : Rosso, ou comment traverser un fleuve sans payer de bakchich
Le problème ? Nous sommes arrivés très tard, et tout s’est rapidement enchaîné sans qu’on ait vraiment le temps de réfléchir.
Lors de notre arrivée, nos passeports ont été confisqués par les autorités sénégalaises sans explication claire (un bon conseil : fais toujours des photocopies de tes papiers avant de traverser les frontières et ne laisse jamais ton passeport original entre les mains d’un inconnu, même pour quelques heures). Une fois nos documents en possession des autorités, nous avons dû patienter un certain temps, ce qui nous a fait perdre le timing pour franchir la frontière avant sa fermeture.
Résultat : on s’est retrouvés coincés là, à l’intérieur du poste frontière, en attendant qu’on nous restitue nos papiers une fois que les procédures administratives aient été réglées. On a dormi dans une mi auberge-mi maison de passe.
Malgré tout, il n’y a pas de panique. Les autorités étaient correctes, mais la situation aurait pu être évitée si nous avions pris le temps de mieux comprendre les règles locales avant de nous lancer. C’est là que l’autre passage, plus direct, aurait pu être plus rapide et plus pratique si on l’avait choisi.Rosso est… intense. Côté sénégalais, on descend du taxi et là, c’est le festival : dizaines d’intermédiaires, coups de sifflet, propositions de « bac privé » (oui oui, le fleuve s’est transformé en business).
Notre stratégie :
- Dire bonjour calmement, sourire, et répéter que non, on n’a pas besoin d’aide.
- Aller directement au poste de douane (bâtiment officiel).
- Ne RIEN donner à personne, pas même un passeport.
À ce stade, un douanier a quand même tenté un « vous me laissez quoi pour le café ? ». Réponse : « un grand sourire ». Et ça passe.
Le lendemain après avoir longuement attendu vient le bac, là encore, on se fait alpaguer pour payer un aller express. Refus poli. On attend le bac public, qui coûte environ 500 CFA. Dix minutes plus tard, on traverse le fleuve Sénégal sous un soleil à faire fondre un dromadaire.
Pour plus de détail sur Rosso même, c’est ici
Chapitre 3 : Bienvenue en Mauritanie, passer la frontière à l’heure de la sieste
L’ambiance change radicalement. Moins d’agitation. On descend du bac, on passe dans un petit bureau avec de vrais fonctionnaires. Une tenue couverte est appréciée mais le voile n’est pas obligatoire pour les femmes.
Visa sur place :
- Coût : 55 € pour les Français. (Tu peux payer en euros)
- Durée : 30 jours.
- Temps d’attente : Une petite heure dans une salle climatisée (parfois).
On est en Mauritanie.

Des taxis collectifs attendent juste après la douane. On trouve deux autres voyageurs, on partage. Direction Nouakchott. Il est 14h, il fait 44°C. On roule sur une ligne droite infinie. Le désert commence à nous avaler. En moyenne il faut compter entre 5 et 10 euros l’heure de route par personne.
ATTENTION 2025 : Apparemment depuis cette année il faudrait demander un e-visa en amont !
Chapitre 4 : Pause à Nouakchott, oasis de poussière et de thé
Nouakchott n’est pas une ville touristique. Mais elle est fonctionnelle. On y dort, on y mange, on y change de l’argent.
Ce qu’on fait :
- Repos.
- Achat de carte SIM.
- Prise d’infos pour la suite (bus vers Nouadhibou, ou train minéralier).
- On se pose 4 jours pour souffler.
On passe par Zouérate et l’Iron train :

Chapitre 5 : Guerguerate, ou la frontière la plus facile du monde (presque)
Depuis Nouadhibou, des taxis collectifs partent le matin vers Guerguerate. 80 km.
Côté mauritanien :
- Contrôle classique.
- Pas de pression.
Zone tampon :
- 4 km de no man’s land.
- Rien à faire, juste patienter.
Côté marocain :
- Le Sahara Occidental est de facto géré par le Maroc.
- Contrôle sérieux mais rapide.
- Passeport français ? Bienvenue.
Et voilà. On est entré au Maroc. Sans stress. Sans payer de pot-de-vin. Le Sahara s’étale devant nous.
Chapitre 6 : Le Sahara Occidental, un territoire à part
On le traverse en bus. C’est long. Très long. 10h pour faire Guerguerate-Laayoune (50euros par personne)
Arrêts :
- Dakhla : ville paisible, spot de kitesurf.
- Laâyoune : plus grande, plus administrative. Moins cher que le moins cher du Maroc, tu manges au fastfood pour un ou deux euros par personne.
Contrôles de police : nombreux, mais jamais agressifs. Juste longs.
On sent que l’on est dans une zone sensible, mais les touristes sont les bienvenus. L’important, c’est de rester discret, respectueux, et patient.
Chapitre 7 : Maroc, enfin !
Passé Laâyoune, on retrouve le Maroc classique. Bus CTM, petits taxis, tagines à chaque coin de rue.
On a réussi. On a traversé trois frontières ( d’aucuns vont dire deux) , trois cultures, trois climats.
Et on est fiers de dire : on n’a jamais payé un sou de bakchich.
<FAQ>
Quelles sont les frontières terrestres ouvertes entre le Sénégal et le Maroc ?
- Rosso : Sénégal → Mauritanie.
- Guerguerate : Mauritanie → Sahara Occidental (Maroc).
Peut-on traverser le Sahara Occidental avec un passeport français ?
- Oui. Le Maroc contrôle la zone et accueille les touristes. Il faut juste préparer son itinéraire et accepter les contrôles.
Faut-il un visa pour la Mauritanie ?
- Oui, pour les Français. Il s’obtient à la frontière.
Peut-on éviter Rosso ?
- Oui, en passant par Diama. Mais c’est plus long. Rosso est chaotique, mais gérable si on est bien préparé.
Est-ce dangereux ?
- Non, pas si on suit les conseils de base : voyager de jour, ne pas exhiber d’argent, et toujours rester calme.

Conclusion : une route mythique, une expérience unique
Passer du Sénégal au Maroc par la route, c’est plus qu’un voyage, c’est une aventure. On traverse l’Afrique de l’Ouest, ses déserts, ses cultures, ses petits débrouillards et ses grandes lignes droites sans fin.
Mais surtout, on en sort changé. Plus patient. Plus résilient. Et avec une tonne d’histoires à raconter.
Alors, prêt à tenter l’aventure ?