Galères bancaires en Russie : récit d’un bug international et tentative de réponses à la question cruciale : Comment payer en Russie quand on part +/- un mois.
Il y a deux façons d’entrer en Russie en 2025.
- La version grand reporter infiltré, les yeux plissés, prêt à défier les douanes et les clichés.
- Et puis la mienne : celle d’une touriste un peu stressée, vaguement organisée, armée d’une carte Boursobank et de beaucoup (trop ?) de naïveté. Spoiler : l’option 2 ne gagne pas à la fin. Mais elle laisse de bonnes anecdotes et, espérons-le, des conseils qui vous éviteront mes sueurs froides.
Sanctions 2025 et carte bleue en PLS

Commençons par le contexte : depuis 2022, les sanctions économiques contre la Russie n’ont cessé de se durcir. Résultat : aucune carte Visa ou Mastercard occidentale ne fonctionne en Russie. Même les retraits en DAB sont bloqués. Le système bancaire russe est désormais autonome, tourné vers son propre réseau interne (Mir), quelques partenaires comme UnionPay (le système chinois), et pas grand-chose d’autre. Pas de PayPal, pas de Revolut, pas de Wise. Autant dire que tu débarques en Russie comme dans une époque parallèle.
Mais voilà, avant de partir, Boursobank m’avait juré que “si si, pas de souci pour retirer en Russie”.
Moi : “Vous êtes sûrs ? Avec les sanctions, je croyais que Visa, c’était mort ?”
Le conseiller (croyant bien faire) : “Ah non mais si vous activez l’option dans l’application, c’est bon, notre carte internationale blablabla … Au dessus des sanctions blablabla !”
Moi, dubitative mais fatiguée, j’avais abdiqué (GRAVE ERREUR)
Préparation 3000 : quand tu anticipes mais que la vie t’échappe
Malgré cette étrange assurance de mon conseiller bancaire, j’ai quand même pris mes précautions.
J’avais lu partout que les cartes étrangères ne passaient pas. Alors j’ai envisagé UnionPay, qu’on m’avait recommandé. Mais l’interface pour créer un compte depuis l’étranger ressemblait plus à un casse-tête chinois qu’à une solution viable. Abandon.
Finalement, j’ai opté pour Tinkoff, une des rares banques russes ouvertes aux étrangers, avec une application en anglais et une carte bancaire utilisable partout dans le pays. Le principe : tu ouvres gratuitement un compte à distance (avec passeport et numéro russe), et tu reçois une carte Tinkoff en roubles, utilisable dans tous les magasins, restos, métros… bref, c’est la carte locale rêvée. Sauf que voilà : encore faut-il pouvoir y transférer de l’argent.
Et là, entre les sanctions, les interdictions de transferts SWIFT vers la Russie et les blocages Visa, ça se complique sérieusement. Celle la, pardonnez ma naïveté, que je ne l’avais pas vu venir
Cash is king (sauf quand il fond comme neige au soleil)

Par sécurité, on avait aussi pris du cash. Pas des millions, hein, mais quand même : une somme honnête qu’on avait changée à Istanbul juste avant le départ (très bon plan d’ailleurs, les bureaux de change sont rapides et compétitifs).
Donc à l’arrivée à Vladivostok, on se sentait relativement prêts.
On avait 1200 euros de cash pour nous deux pour trois semaines. Une carte russe et normalement Boursobank qui fonctionne normalement
Et puis la réalité a frappé.
L’arrivée en Russie : Welcome to Money No Man’s Land
Deux problèmes majeurs surgissent dans la première heure sur le sol russe :
- Ma carte Boursobank est, sans surprise, totalement inopérante.
Aucun distributeur ne l’accepte, aucune transaction ne passe. Merci au conseiller pour cette masterclass de désinformation. - Impossible de virer de l’argent depuis mon compte français vers mon compte Tinkoff.
Pourquoi ? Parce que toutes les banques européennes bloquent les transferts vers la Russie. Et comme Visa et Mastercard ne sont plus les bienvenus en Russie, même les plateformes tierces (type Wise ou Revolut) refusent les transactions vers les banques russes. Blocage total.
Panique budgétaire
On fait rapidement le calcul : à deux, avec notre cash, on tient 2 jours à un peu moins de 30€/jour/personne, à condition qu’il n’y ait AUCUNE galère. Pas de pépin de santé, pas d’excursion imprévue, pas de bouteille d’eau non négociée.
Et là, ce que je veux éviter à tout prix, c’est de devoir renoncer à une glace à cause de mon budget. Pas parce que je suis princesse, hein. Mais parce que compter chaque rouble, c’est une tension de tous les instants qui ruine un peu l’expérience du voyage. Même une bouteille d’eau à 48 centimes devient un dilemme moral.
Les solutions qu’on a testées (et qui ont marché… à moitié)
Heureusement, on n’a pas baissé les bras. On a brainstormé, on a mimé, on a fouillé internet, et on a trouvé plusieurs pistes pour alimenter mon compte Tinkoff, certaines ont fonctionné, d’autres non :
1. La crypto en roubles
Mon frère a eu l’idée de me transférer des crypto-monnaies converties en roubles. Résultat : ça marche… mais à un taux complètement délirant, avec des frais à chaque étape. Et comme on n’est pas des pros, on a voulu tester avec des petites sommes. Mauvais plan : les frais sont fixes, donc sur 10€, tu peux perdre jusqu’à 4 ou 5€. Où alors il faut s’y connaitre avant mais la formation express au moment de panique, comment dire …
Conclusion : oui, la crypto peut dépanner. Mais c’est cher et pas hyper pratique pour un usage quotidien, a moins de bien s’y connaître avant mais ce n’était pas notre cas.
2. L’amie d’un ami vivant en Russie
La fameuse carte du réseau. Grâce à une connaissance vivant sur place, j’ai pu demander pour recevoir un virement interne russe, sans passer par l’étranger. Une bonne solution… si vous avez des contacts locaux ou alors des contacts qui ont des contacts !
3. Virement bancaire depuis Boursobank (miracle temporaire ou encore une fois epic fail ? )
Alors celle-là, je ne l’avais pas vue venir. Après avoir insisté, Boursobank me propose un virement vers mon compte russe. Incroyable mais vrai. Le conseiller me dit même, encore une fois, que ma carte « devrait passer à partir de maintenant dans n’importe quel DAB ».
Spoiler : Sans surprise, le virement est refusé. La banque m’assure que c’est un bug et que le prochain allait passer. Je suis stupéfaite des éléments de langage Boursobank méticuleusement répété mais … tout simplement faux. Même en étant à Vladivostok le gars m’assurait que « Si,si » leur carte passait en Russie. Incroyable.
Et après 24h : la dépanique ou presque
On a fini par relâcher la pression.
Déjà parce que la vie en Russie n’est pas chère du tout. Pour vous donner une idée :
- Repas complet à la cantine soviétique avec soupe, salade et plat chaud = 6-7 euros
- Métro/ funiculaire = 0,40€.
- Logement correct dans le centre de Vladivostok = 33 € la nuit.
- Une bière sur le port = 1,70€.
Du coup, même avec notre cash limité, on pouvait survivre correctement. Et on a vite compris qu’en anticipant les retraits, en évitant les pièges à touristes, et en mixant crypto + virement local, on pouvait même voyager presque normalement.
Conseils pratiques pour gérer l’argent en Russie en 2025
Parce que le but, c’est aussi de vous éviter les erreurs, voici ce que je vous recommande :
✅ Avant de partir :
Règle numéro 1, on ne fait jamais confiance à un banquier !
- Oubliez Visa et Mastercard. Aucune de vos cartes françaises/européennes ne fonctionnera là-bas.
- Si quelqu’un peut vous faire un virement depuis une banque qui utilise le système MIR, ouvrez un compte chez Tinkoff (ou une autre banque russe), avant le départ. C’est la solution la plus simple pour avoir une carte utilisable sur place.
- Apportez du cash en euros ou en dollars, à changer dès votre arrivée ou dans un pays tiers (Istanbul, Dubaï…). Comptez entre 30 et 50 euros par personne par jour selon la manière dont vous aimez voyagez et rajouter 50 % au cas où que, du coup, vous ne changerez pas.
- Vérifiez vos options crypto. Créez un portefeuille sécurisé, testez une appli fiable (genre Binance, Tonkeeper, etc.) en avance, et familiarisez-vous avec le processus de transfert en roubles.
✅ Sur place :
- Changez le cash petit à petit, selon vos besoins. Il y a des bureaux de change sinon, toquez à une banque mais les tarifs y sont moins avantageux.
- Évitez les conversions inutiles, les frais peuvent vite s’additionner.
- Restez connectés à un VPN, certaines applis ou sites étrangers ne fonctionnent pas sans.
- Faites preuve de calme et de flexibilité. Ce n’est pas insurmontable. Juste… inhabituel.
En résumé
Oui, voyager en Russie en 2025, c’est un défi logistique. Mais ça se fait. Et puis entre deux blocages bancaires, on découvre un pays fascinant, étonnamment accueillant, souvent drôle sans le vouloir, et plein de moments inoubliables. Et puis bon… on s’en souvient, hein.
Franchement, qui a envie de raconter qu’il a payé son café avec une simple carte Visa ? 😏
Et pour commencer le voyage avec nous : jour 1 & 2 à Vladivostok