Comment se passe le passage de douane en Russie ? (Jour 0 de notre périple Transsibérien )

Imaginez la scène : il est 20h, votre vol Uzbekistan Airlines vient de se poser à Vladivostok, extrême-est russe, entre taïga et formalités administratives d’un autre siècle. Il fait étonnamment chaud pour un coin du monde qu’on imagine gelé en permanence, et vous êtes dans un avion rempli de familles ouzbèkes, d’enfants qui pleurent et de sacs plastiques ficelés avec amour.

Le ton est donné : des chiens renifleurs à la sortie de l’avion

Oui, direct sur le tarmac. Vous n’avez pas encore mis un pied dans le terminal que déjà, des douaniers russes vous jettent un regard qui vous fait douter de vos choix de vie, et surtout de votre vol pas cher via Tachkent. Les chiens reniflent les sacs. Personne ne rigole. Bienvenue à Vladivostok !

Une file selon ta nationalité… et une suspicion selon ton passeport

Arrivés dans le hall d’immigration, c’est ambiance huis clos soviétique. Les voyageurs ouzbèkes sont dirigés d’un côté (un peu désorganisé), et vous, avec votre passeport français, vous filez fièrement dans la file des « visiteurs internationaux ». Enfin, fièrement, jusqu’à ce que…

Le mec bugue sur notre passeport

Mon frère et moi donnons nos précieux passeports européens, et là, gros bug informatique. Le gars nous fixe, regarde l’écran, tape des trucs, soupire, nous fait signe d’attendre sur le côté.

Il regarde mon frère. Il me regarde. Il regarde encore le passeport. Puis son écran. Puis le passeport. Puis nous. Beugue visuel. On sent que ça va être long. Très long.

“Wait here.” (avec l’intonation d’un vigile qui a maté toutes les saisons de Narcos en russe sous-titré)

« Mais… c’est nous les touristes modèles ! », ai-je envie de crier.

Rien n’y fait. On poireaute. On sent que le mot “France” déclenche quelque chose dans leur système de contrôle — ou dans leurs fantasmes géopolitiques. L’attente est assez longue, les ouzbeques nombreux dans l’avion parlent un peu avec nous, ils ne comprennent pas pourquoi on nous arrête. Nous non plus, personnellement, ça ne m’est jamais arrivé. Je sais que mon visa 30 jours est OK mais voir les gens passé les uns après les autres me stresse un peu. Avec mon frère on se répète des infos en anglais, le nom de l’hôtel, l’itinéraire etc

Interrogatoire individuel : niveau anglais B2 minimum

Après 15 bonnes minutes d’attente sans explication, c’est mon tour. Pas de sourire, pas de bienvenue, juste un regard perçant et des questions.

  • « Why are you here? »
  • « What’s your itinerary? »
  • « What is your job? »
  • « How much money do you have on you? »
  • « Have you been to Russia before? »
  • …et le bouquet final : « What do you think of Emmanuel Macron? »

Là, mon cerveau a brièvement redémarré en français : « Pardon ? »

J’ai improvisé un vague « Oh you know, i’m not very interesting by politic » en me demandant si j’étais notée sur 20.

Mes camarades crient de douleur devant mon abjuration.

Article : Voyager sans parler anglais ( et s’en sortir quand même)

Fouille du téléphone : zéro consentement, 100% invasion

Pas de blague : il m’a demandé d’ouvrir mon téléphone : il a scrollé mes photos, mes conversations WhatsApp (en français), et est tombé sur un même de chat trop mignon. Il n’a pas réagi. Un robot. J’ai ressenti de la honte face aux conversations avec mon mec composées essentiellement de petits cœurs de toutes les couleurs.

Franchement, j’ai pas du tout aimé cette partie, surtout que je ne savais trop à quoi e m’attendais, c’est la que tu te rend compte que ce petit bout d’électronique c’est hyper intime !

Prise d’empreintes : version hardcore

Il m’a ensuite fait passer à la machine à empreintes. Mais pas juste les deux pouces hein. Tous les doigts, dans tous les sens, avec une précision de chirurgien de l’ex-KGB.

Un moment de pure intensité. J’étais à deux doigts de lui demander s’il voulait aussi un prélèvement ADN mais je me suis ravisé pour l’unique raison que je ne sais pas dire « test ADN » en anglais.

Puis il me tend une petite fiche, un bout de papier A6 à glisser dans mon passeport avec le visa. Il me dit que je peux y aller. J’ose un « thank you » un peu tremblant. Il répond par un sourire.

Pendant ce temps-là, mon frère attend son tour

Je ressors et on me dit d’aller chercher mes bagages. J’attends mon frère devant le tapis, le cœur encore un peu en PLS. T’as beau savoir que tout est OK tu ne peux pas t’empêcher de repenser à cette soirée ou t’as fait une blague sur Vladimir P.

Il ressort 15 minutes plus tard. Il a eu à peu près les mêmes questions, mais le douanier avait déjà compris qu’il allait le laisser passer. Ils sont allés plus vite. Et puis, bonus : ils ont regardé ses conversations WhatsApp. Pas les miennes. C’est lui qui a eu droit à la capture d’écran détaillée de ses messages de groupe de potes. « Ils ont vu des trucs honteux », m’a-t-il dit en rigolant (jaune). On se demande comment ses documents vont être archivés.

Les Ouzbèkes : médusés par notre présence

Le plus marrant ? Les Ouzbèkes à la douane nous regardaient comme si on était des aliens. Une nana m’a gentiment demandé pourquoi on était pas passé direct comme si notre passeport nous permettait d’entrer par téléportation. Ils pensaient qu’on avait un « passeport magique », et franchement, nous aussi à un moment. Spoiler : non. Il ne vous épargne ni les fouilles, ni les regards froids, ni les questions existentielles sur Macron.

Alors, que faut-il savoir vraiment pour passer la douane à Vladivostok ?

🛂 À prévoir absolument :

  • Votre visa électronique (e-visa) ou visa papier (selon la nationalité et la durée).
  • Un itinéraire clair avec les hôtels réservés ou au moins une idée de ce que vous allez faire. Le premier hôtel DOIT être réservé.
  • Votre travail, vos voyages précédents, votre niveau d’anglais, tout peut être questionné.
  • Et évitez d’avoir des trucs bizarres ou critiques de la Russie sur votre téléphone. Vraiment.
    On vous donnera une fiche d’immigration qui vous sera donnée à la douane (à garder précieusement !).

Petit conseil d’ami : révisez vos réponses en anglais avec votre binôme de voyage, comme nous. Le stress peut vous faire buguer, et là-bas, pas de blague ni de compassion.

Les chiens renifleurs sont là dès le début, donc rangez bien tout, pas de sandwich au saucisson dans la poche.

En été, il peut faire chaud, alors ne vous fiez pas aux clichés : prévoyez eau et patience.


En résumé : c’est un peu flippant, pas commun quand on a un passeport français ( quoi qu’aux Etats-Unis, on revient à ça ) , mais ça va !

Franchement, ce n’est pas une étape agréable du voyage. Mais c’est faisable, surtout si vous arrivez préparés, propres dans vos baskets, et sans groupes WhatsApp douteux. L’humour ne passe pas à la douane russe, alors gardez vos vannes pour plus tard.

Et surtout, gardez votre calme. La ville de Vladivostok vous attend derrière cette barrière psychologique. Et vous allez adorer l’ambiance portuaire un peu déglinguée de cette perle de l’Extrême-Orient russe.

Et pour la suite du périple, c’est par là > Jour 1 : Vladivostock