đȘ Oulan-OudĂ© en 24h : la tĂȘte de LĂ©nine, les galĂšres et un dĂ©tour bouddhiste
Quand tu fais le TranssibĂ©rien, il faut bien faire des choix. Nous, on a dĂ©cidĂ© de nous arrĂȘter Ă Oulan-OudĂ©. Pourquoi ? Euh… bonne question. On voulait ĂȘtre prĂšs de la frontiĂšre mongole, voir un peu de bouddhisme russe, et… bon, on avait mis notre doigt au hasard sur la carte. RĂ©sultat : une journĂ©e sympa, entre tĂȘte gĂ©ante de LĂ©nine, galĂšres logistiques et datsan perchĂ©.





6h30 du matin, on débarque à Oulan-Oudé (avec notre pauvreté bancaire)
On arrive Ă Oulan-OudĂ© depuis Khabarovsk, aprĂšs une nuit en train, les cheveux gras et les cernes de compĂ©tition. Il fait gris, il est tĂŽt, on rĂȘve juste de poser nos sacs et dâaller se faire un petit dej. Mais Ă©videmment, la Russie aime le dĂ©fi.
PremiÚre galÚre : la consigne automatique ne prend que les cartes bancaires⊠russes.
Sauf que voilĂ , les cartes Ă©trangĂšres sont KO depuis les sanctions. Mastercard, Visa, Revolut, Lydia⊠que dalle. Rien ne passe. Tâas beau taper ton code comme si ça allait changer quelque chose, la machine te renvoie juste un message en cyrillique passif-agressif. On se retrouve donc comme deux clodos high-tech, collĂ©s Ă nos backpacks, Ă chercher un plan B.
On nĂ©gocie gentiment avec un agent de la gare, et miracle : il accepte le paiement en espĂšces en voyant nos tĂȘte de galĂ©riens. Les Russes peuvent paraĂźtre un peu durs au premier abord, mais franchement ils ont souvent le cĆur chaud derriĂšre lâarmure.
Petit dej, affiches de Staline et chargeur providentiel
DeuxiĂšme mission : trouver un cafĂ© ouvert. Spoiler : Ă Oulan-OudĂ©, rien nâouvre avant 9h.
On finit par tomber sur le Travellerâs Coffee, repaire dâexpats et dâearly birds.
La serveuse me prĂȘte mĂȘme son chargeur de tĂ©lĂ©phone (Ă ce stade on Ă©tait Ă 3% batterie ET 3% motivation).
Je rĂ©pĂšte : les Russes sont rustres, mais trĂšs serviables. Ils tâaident⊠sans sourire. Mais ils tâaident.
En chemin, on traverse une ville un peu surrĂ©aliste. Des dizaines dâaffiches pour les 80 ans de la âprise de Berlinâ, avec des soldats en mode blockbuster soviĂ©tique, et mĂȘme une Ă©norme affiche de Staline façon âhĂ© camarade, ça gaze ?â. Pour l’histoire, on en verra qu’une seule de ce type.
Ambiance patriotico-militaire, un brin angoissante, mais fascinante pour le touriste historico-curieux.
La fameuse tĂȘte de LĂ©nine (oui, elle est vraiment Ă©norme)
On arrive sur la place principale, dominĂ©e par une tĂȘte gĂ©ante de LĂ©nine. Pas un buste hein. UNE TĂTE. PosĂ©e lĂ , comme si elle sâĂ©tait Ă©chappĂ©e dâun musĂ©e du surrĂ©alisme.
Câest kitsch, bizarre, absolument gĂ©nial.
On se dit quâon aurait dĂ» dormir dans le coin, car notre hĂŽtel est Ă 40 minutes Ă pied. Mauvais calcul. Entre lâhĂŽtel paumĂ© et les allers-retours avec la gare, on perd un temps fou.




Dâailleurs, lâhĂŽtel ? Sympa mais rustique. Une seule salle de bain pour deux Ă©tages, ambiance camping soviĂ©tique. Quand on demande sâil y aura de lâattente, la gĂ©rante nous rĂ©pond : âNon non, yâa jamais personne.â Effectivement. Ăa sentait un peu la dĂ©sertion.
Une ville entre deux époques
La ville en elle-mĂȘme est⊠particuliĂšre. Lâhypercentre est plutĂŽt joli, avec des maisons en bois typiques de Bouriatie, mais ailleurs, câest chantierland. Des routes Ă©ventrĂ©es, des bĂątiments semi-abandonnĂ©s, des zones entiĂšres figĂ©es dans les annĂ©es 80.
Je mâattendais Ă une ville moderne⊠jâai eu un mix entre lâURSS et les Sims en bug.
Mission billets + pizza de métro
On tente dâacheter nos billets pour Irkoutsk, la prochaine Ă©tape. Sauf que tous les trains sont complets.
On est en haute saison, et tout est plein. RĂ©sultat : on sera dans deux wagons diffĂ©rents. Ambiance. On aurait du anticiper mais on avait pas de liquiditĂ©s… Ah oui ca aussi !
Je mange une pizza dans une station de mĂ©tro Ă 1âŹ, pas ouf mais efficace. Le ventre plein, le moral remonte Ă 5/10.
Le Datsan dâIvolguinsk, quĂȘte bouddhiste sur fond de galĂšre






Notre grand objectif du jour : visiter le Datsan dâIvolguinsk, le plus grand centre bouddhiste de Russie.
On refuse de prendre un taxi (par fiertĂ©, par radinerie, par principe, cochez la bonne case), donc on cherche le bus 130âŠ
Impossible Ă trouver. On tourne en rond, puis un mec nous propose de nous amener Ă un arrĂȘt pour 300 roubles.
FatiguĂ©s, on cĂšde. On rĂ©alise quâon claque 7⏠chez Starbucks sans broncher, mais quâon fait des crises existentielles pour 3⏠ici. Bref.
GrĂące Ă lui, on chope deux minibus pour 150 roubles chacun et une heure plus tard, on arrive au datsan.
Ivolguinsk : couleurs, chaleur et chants tibétains
Le Datsan dâIvolguinsk est vraiment joli. Des temples aux couleurs vives, du rouge, du vert, du dorĂ©, dans un calme apaisant.
On entend des moines chanter dans les temples, les moulins Ă priĂšres tournent lentement, il fait chaud, mais câest paisible.
On se pose dans un petit cafĂ© Ă lâintĂ©rieur du site, Ă lâombre, pour se remettre des Ă©motions (et des coups de soleil).
Ăa valait clairement le dĂ©tour. On se rend compte qu’Ă chaque halte, mĂȘme si elles ont un peu Ă©tĂ© choisie Ă la va-vite, on dĂ©couvre un autre monde, une autre Russie. Aucun de nos stops ne se ressemble. Je ne me prends pas la claque visuelle prĂ©vue mais cette sensation de survoler le monde et ses cultures nous plait.
DĂźner mongol & cocktail au goĂ»t dâeffort
Le soir, on teste le resto âTenghisâ, faussement chic mais franchement bon.
Je prends un cocktail à la vodka pour faire local, mon frÚre opte pour une biÚre allemande à 9⏠(re-Aïe).
On goĂ»te des spĂ©cialitĂ©s bouriates, ambiance soviĂ©tique. Câest copieux, bon, pas trop cher vu ce que le cadre semblait nous faire croiore (sauf la biĂšre).
Retour Ă lâhĂŽtel pour un sommeil bien mĂ©rité⊠avant notre sĂ©paration dans le train du lendemain.
Conclusion : Oulan-Oudé, un détour curieux
Est-ce que Oulan-Oudé est un immanquable du Transsibérien ?
HonnĂȘtement, non.
Mais câest une Ă©tape dĂ©paysante, avec son mĂ©lange de bouddhisme, de soviĂ©tisme et de galĂšres modernes.
Une tĂȘte de LĂ©nine aussi grande quâun appartement parisien, un datsan magnifique au bout du monde, et une ville qui te fait voyager dans le temps Ă chaque carrefour.
