Faire un trek dans le nord de la Thaïlande, à quoi s’attendre?





Comment a t’on réserver le trek ?
On avait vu tout un tas de trucs sur internet pour réserver le trek, finalement c’est une petite devanture qui ne payait pas de mine qui nous a convaincu. On était à Chiang Mai. Le gars nous aborde, nous parle de son trek : c’est moins cher que sur internet et le départ est le lendemain matin . On est fatigués de notre voyage ( déjà !) , il nous propose la version express en 3 jours. On a pas de sac à dos, il nous en sort un. On paye 180 euros pour deux et le gars nous propose de venir nous chercher le lendemain à 8h.
En vrai, le trek était super et conforme aux attentes mais je ne me souviens plus du tout du nom du gars ni de l’agence .. Tout ce que je me souviens c’était que c’était au sud de la ville dans une rue parallèle à la muraille sud.
Récit : Trois jours de trek
1er jour : On enchaine les bornes sous la pluie
Réveil matinal. Mon trek rêvé. Celui pour lequel je tanne tout le monde depuis trois mois. On a changé d’agence mais l’esprit semble le même. À 8h, le guide est devant la porte de l’hôtel on monte dans un pick up et participons au ramassage de nos coreligionnaires. Notre team sera donc composée de 4 allemands (2 binômes de 2), une hollandaise, une québécoise et… nous. Nous la brochette joviale qui commence à bien fonctionner ensemble, voire même qui se bonifie au contact de l’autre. Nous sommes le riz-poulet, le banane-nutella où encore le système capitaliste et la pauvreté… à voir qui est qui. On prend la route tous les huit avec un chauffeur et notre guide. On fera plusieurs arrêts : le premier nous servira à boire un café et un thé, carburant nécessaire pour commencer cette journée. À mi-chemin on s’arrêtera une seconde fois, à une cascade cette fois-ci. L’eau tape fort et charrie même des petits graviers mais on s’essaie à se glisser dessous pour se prouver des oufs bien loin de la vie plan plan de ceux qu’on appelle les gens normaux ; ceux qui se lèvent pour aller bosser, mangent, se lavent, font du sport des fois puis se couchent parce que le lendemain ils bossent. Bref nous le reste de l’année. Les deux hommes se glissent sous la plus forte car c’est sûrement ça que font les vrais bonhommes. On profite de la baignade, on fait des photos de groupe (il faut bien passer par là j’imagine) puis on mange tous ensemble. À la vue du repas, je sais qu’on va être bien traités. Il y a de nombreux plats, c’est bon et copieux. Il y a même un menu végétarien pour ceux qui le souhaitent. Sur 8, 5 ne mange pas de viande. Ça semble étonné notre guide. D’ailleurs il s’appelle Kahn, comme dans les chevaliers de Baphomet.
Ici, on prend soin de nous. On goûte deux fruits inconnus dont j’ai oublié le nom. On les appellera donc « la couille velue » et « l’oeil ». On essaie de discuter tous ensemble et l’anglais bouguiboulgua devient notre langue commune. Après le repas, on roule une bonne heure, montées, virages. Certains passagers n’ont pas l’habitude de la montagne. Je sens que ça va mais qu’on a passé des lendemains de cuite plus frais que ça. La voiture se pose dans un virage. On commence à monter à pieds. C’est une très belle rando qui me rappelle un peu la Guyane. Notre guide nous arrête plusieurs fois. Il nous montre les feuilles et décrit les végétaux et les insectes. Les bruits sont nombreux même si le doux son de la déforestation fait davantage monter les décibels que la faune locale. On se suit à la file indienne bien que l’écart se creuse au fil des heures et franchement, on est des bons. On se fraye un chemin dans la végétation et notre guide met de manière régulière des coups de machette pour que se sentent de vrais aventuriers. M’est avis qu’on aurait pu s’en passer mais on se prend au jeu. Ils nous fait des chapeaux avec de grandes feuilles comme il l’a fait le matin à la cascade, ça semble le faire rire et ça fait de jolies photos. Je discute avec Gabrielle une québécoise globtrotteuse puis avec Alex un allemand sans coups de soleil (pas encore, mais c’est notable). Il pleut de manière sporadique mais la densité des arbres nous protège au moins les deux premières heures. Sur la fin, le terrain est davantage accidenté et les sangsues sont de sortie. L’une s’est glissé dans mon kway, l’autre dans ma chaussette. Je panique. J’avais rajouté « un peu » mais je l’ai enlevé, histoire d’être davantage dans le réel. Je fini même la balade pieds nus ce qui n’est pas la plus riche des idées. Ouf, on arrive dans quelques dizaines de mètres. J’ai un suçon sur le bras, trace de notre amour si intense qui s’est vite consumé. On m’inspecte, je ne devrais pas mourir tout de suite. Arrivé au village Karen dont le caractère nous surprend autant qu’il nous amuse, on prend ce qui ressemble vaguement à une douche et on se pose admirer la vue sur les rizières. Certes il pleut mais c’est assez magique de verdure.
Le village compte quelques maisons, en tout cas dans la partie où nous sommes. C’est somme toute assez sommaire mais il y a quand même du Coca Cola et des jouets en plastique pour le bébé. Nous dormirons dans un dortoir où il y a la représentation du saint patron des alcoolique, un type qui changeait l’eau en vin qu’on racontait à l’époque. Le repas servi est un festin, les springs rolls (roulés par nos soins) sont divins et on mange plus que de raison. Ensuite, notre guide nous raconte l’histoire des peuples de la Thaïlande en anglais, c’est sans fin, au bout de quelques minutes j’arrête d’écouter et perds le fil de la conversation. J’ai du mal à raccrocher. Il y à une histoire de femme enceinte à un moment mais pas plus. Vu qu’il nous raconte qu’il s’agit de son peuple, bien sûr, personne n’ose rien dire. À 21h30, c’est l’heure d’aller dormir, on est tous un peu KO même si nous coucher à cette heure-ci me semble être de la science fiction. Dans le dortoir, nous n’avons guère le choix.
2e jour : La rando sans fin par 35 degrés et 1000 % d’humidité
Levé bizarre après un rêve bizarre. On est au milieu de la forêt. Il fait relativement bon. Les draps sentent la lessive Skip, sans le logo Skip sur le sachet. On n’a pas internet ni d’électricité. On est au bout du monde, ou on a l’impression d’être au bout du monde. Le bout du monde n’existe plus. C’est quoi d’ailleurs cette expression de Nazi Eurocentré ? S’il y a un bout du monde c’est qu’il y a un centre. Et où est le centre ? Et qui fixe les marges ? Bref. La Thaïlande peut quand même s’approcher de la Mauritanie par moment. En Mauritanie, tout est absolument au dessus de tout ce que l’on peut connaître presque partout ailleurs. Ici, il faut s’échapper des sentiers battus. Dans notre maison de pilotis, le soleil rentre de partout et me réveille assez tôt. Mauvais perdant, je refuse de battre en retraite et décidé de rester au lit encore plus que de besoin. On s’est couché à 22h. Soit huit heures avant l’heure du coucher habituel d’il y a moins d’une semaine. On est passé du mode insomniaque dépressif halluciné à poule en quelques jours. Vers 7h30, le guide nous informe que le petit déjeuner va commencer. Je décide de sortir du lit vers 7h45. Le petit déjeuner est sympathique. Sur les huit personnes qui nous accompagnent, deux sont de jeunes allemandes bien élevées. Genre sportive, mini short et épilées de très prêt. Toujours à rendre service. Elles sont smart. Elles sont supers serviables sur tout. Elles anticipent et tout. Le top. Elles doivent être étudiantes ou quelque chose du genre. Clairement, elles doivent avoir des parents vainqueur de la mondialisation. Genre ingé ou autre. Je me méfie toujours des gens qui parlent deux, trois voire quatre langues ; surtout le français. Elles sont en vacances. Les allemands partent en vacances car ils le peuvent encore. Elles sont étudiantes et en vacances à l’autre bout du monde. Partir en vacances lors des études… C’est de la SF pour moi Un couple d’allemands, une petite trentaine d’années, nous accompagne. Ils sont légèrement moins en forme physiquement que leurs deux compatriotes. Ils tiennent le rythme de la marche et ils sont cool.
Une hollandaise fait partie de l’équipe. Elle voyage seule. Professeur de mathématiques de sont état, elle parle plusieurs langues elle aussi. On a affaire à des gens disciplinés, genre premier de la classe avec 14 de moyenne en sport. Elle comprend le français mais ne le parle pas ou le feint.
Pour terminer, une autre baroudeuse en solitaire : une Québécoise. Ancienne étudiante en droit des minorités ou des droits humains quelque chose comme cela, elle a par la suite intégré la police avant de la quitter. Maintenant elle voyage en reprenant des études. Elle est plutôt réservée mais bon public en termes d’humour et avec un bon rythme de marche. Elle termine son voyage de plusieurs mois par la Thaïlande après avoir visité le Japon, la Corée du Sud et Taiwan. Elle me sert de traducteur lorsque j’ai vraiment du mal à communiquer en anglais. Assez effacée, elle est venue voyager et profiter à fond des moments de joie que peut donner la vie et de la majestuosité des personnages.
Plus tu voyages, plus tu te rends compte que les profils des gens qui partent au loin sont variés. Ils gardent néanmoins une certaine cohérence. La Thaïlande du Nord est visitée par une certaine population de voyageurs. Des gens normaux avec des vies bien comme il faut. Dans le Sud, et c’est seulement un préjugé entièrement vu de ma part, il est fort probable que nous rencontrions des gens bien différents tant les motivations ne sont pas les mêmes. M’enfin on verra bien.
On prend la route. J’ai eu l’intelligence d’esprit de changer d’affaires. Les nouvelles sont rapidement trempées. Assez rapidement, on suinte de partout. On a les visages plein de sang. Mon amie sangsue doit se morfondre de notre séparation précipitée.
Sur la route, trempé de pied en cape, on avance assez rapidement. Tout le monde est motivé. La troupe des huit est motivée. On se sépare en deux groupes : celui des francophones et les autres. Le guide continue de nous décrire la forêt : plantes, insectes, trou de serpent … mais toujours pas de jaguar ni de tigre. Tristesse. Infinie tristesse. La chaleur n’est pas si élevée mais l’humidité ambiante nous fait suer à n’en plus pouvoir. Je commence à baigner dans mes affaires. On poursuit la marche entrecoupée de mini-pauses le temps de passer au stand et de boire une gorgée d’eau. On continue notre quête. Vers 13h, on fait une pause pour se restaurer. Le déjeuner est basique mais efficace : nouilles de chez Lidl avec des morceaux de légumes et en dessert des morceaux de fruits frais (ananas et pastèque). Après s’être bien remplie la panse, je m’allonge pendant 30 minutes au sol. On me relève en m’appelant. On se remet en route, pas tellement reposé mais tous avec un ventre un peu tiré. La route va être longue. 2h de prévu. La tribu se remet en route. Elle recommence à cuire dans son jus. La chaleur frappe et l’humidité est totalement présente à chaque instant. Lors de la discussion, on se met à échanger avec les non francophones. D’abord avec l’hollandaise puis une discussion sur la police française puis allemande avec le couple d’allemand… et le parti Die Linke nous accompagnent pendant un long moment.
Le guide nous annonce qu’on va arriver dans 10 minutes… Cela va plutôt s’avérer être 30 voire 40 minutes.
Une fois au village, on se rend compte à quel point on s’est presque liquéfié dans nos affaires. Après une courte mais nécessaire douche, j’achète quelques souvenirs à des vendeuses du village qui doivent proposer à tous ceux qui passent par là ces produits dit locaux. Je négocie bien évidemment les prix… J’ai été à bonne école entre le Maroc et le Sénégal.
Peu après, la table se pose petit à petit. On y mange de nouveau vraiment bien. On discute. Alors que l’on mange, je sens une petite caresse sur mes pieds. Je prends cela pour un chat qui passe par là. Tout le monde me regarde. Je poursuis mon repas mais suis instantanément interrompu. Ce sont des enfants qui ont pris mes pieds pour un jeu… Et oui, ici on se déchausse avant de rentrer dans les intérieurs des maisons qui sont des lieux sacrés dans leur culture. Et comme notre table à manger est en hauteur, en contrebas, les enfants ont tout le loisir de s’amuser.
On continue la soirée devant un feu de camp avant d’aller se coucher.
Jour 3 : Bambou raft et rencontre avec des élephants
Troisième jour avec l’agence de trekking. À force de se voir, on est presque une petite famille. Je comprends que les enfants pleurent et dépriment quand ils quittent une colonie de vacances. Réveil un peu avant 8h. On déjeune tous ensemble non content de ne pas enchaîner sur une troisième journée de marche. On aurait pu mais l’idée de faire du radeau et d’aller voir des éléphants nous enchante davantage. Avant ça, Kahn veut nous montrer une salle dans le haut du village ou il y a des panneaux explicatifs sur la vie de la tribu, les Lahu, qui nous à invité à dormir chez elle (on a vérifié, elle est payé pour ça !). Bons élèves, on lit religieusement les panneaux. Après ça on descend à la rivière pour faire du « bambou Raft ». Quatre par bateau, il y aura donc deux bateaux. Je monte avec mon ami et le couple d’allemand. Lui a une GoPro. Il filme toute la descente. Je trouve ça un peu too much mais je suis contente qu’il le fasse car je vais pouvoir récupérer les images. (Spoiler : il ne me les a jamais envoyé) L’eau est marron car elle charrie beaucoup de boue. Vraiment, les paysages sont les mêmes qu’en Guyane. Des fois je me demande si Dieu, fatigué le sixième jour déjà, n’a pas fait de copier-coller. Vu que notre guide à fait une blague sur les serpents d’eau, je suis un peu inquiète. J’avais pris les sangsues à la légère. Pas question de me faire avoir deux fois. J’ai mes règles, j’ai peur de tous les attirer. Cette idée me passe par la tête, fait son nid et j’ai du mal à m’en défaire.
On commence la descente debout puis on s’assoit lors des petits rapides. Je me dis que j’aimerais bien refaire du kayak en Savoie quand je vois ça. Lorsque le bateau pénètre dans ces rapides il s’enfonce drôlement, même mon t-shirt prend l’eau.
Au bout d’une heure et demi deux heures on arrive à un village et on mange un pad thaï, végétarien. Ventre plein, on reprend la route et on commence à se faire des au revoir timides. La journée n’est pas finie mais elle a déjà un goût de » fin d’un monde ». On ira voir les éléphants, de manière plus que rapide. On est contents d’avoir réservé une journée dans une réserve car ce qu’on nous propose là n’est qu’une introduction. On ira ensuite voir des papillons dans une volière. Chouette spectacle, la fameuse surprise promise à midi.
16h30, on atterrit à Chiang Mai. Atterrir est le terme, on a l’impression d’avoir passé des jours et des jours ailleurs. On s’embrasse pour se dire au revoir et on se dit qu’on se reverra peut-être même si personne n’y croit vraiment. Arrivé à l’hôtel, la priorité devient de rendre le sac que l’agence nous a prêter et de faire une machine. C’est affolant comme on pue. On a même un peu honte quand on pose les affaires à la laverie, mais bon, on s’en remettra. Il faut dire qu’on a marché trois jours sous 35 degrés, qu’on a transpiré et qu’on s’est lavé rapidement et parfois sans savon. Vu qu’on savait qu’on devait porter ce que l’on apportait, on a pris peu de change et les transpirations du premier jour se sont mélangées aux transpirations des deux autres. A cela s’ajoute la terre et la poussière. Un cocktail détonnant. On se frotte sous la douche et on prend chacun une douche d’au moins 70 litres.
On file se promener sur le marché de nuit. Les sushis se vendent à l’unité pour 10 bahts chacun. Impossible de passer devant sans en manger quelques-uns. Les gyozas sont également une réjouissance tout comme le riz gluant au lait de coco et à la mangue.
Pour moi ça sera une longue nuit avec un coucher tôt donc je reste à l’hôtel à partir de 21h. Il n’y a pas à dire, j’ai apprécié ça surtout qu’on se lève presque tous les matins tellement on a envie de faire des choses. J’ai compté, depuis dix jours , on a mis le réveil a 8h ou avant cinq fois.



Est-ce que c’est difficile ?
Non, pas tellement. Il y a peu de dénivelé donc même si une petite condition est nécessaire, franchement ça va . Dans notre trek il n’y avait que deux jours de marche. La vraie difficulté réside dans la température et l’humidité. Tu marches sous 35 degrés et 85 % d’humidité.
Que prévoir ?
- un sac à dos ( la majorité des agences en prête)
- deux / trois tenues. DE toute façon tu pues et les affires de ton sac puent….
- De l’eau, des liiitres d’eau même si l’agence en donne
- baskets de marche
- ET C’EST TOUT, N’OUBLIE PAS QUE TU PORTES TES AFFAIRES LES TROIS JOURS
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