Deux jours à Saint-Pétersbourg : clap de fin impérial

Le Transsibérien s’achève. Enfin, pas exactement : on triche un peu. Le tracé officiel file de Moscou à Vladivostok, mais nous, on a fait l’inverse, avec une dernière escale dans la Venise du Nord. Car oui, on a décidé de terminer en beauté à Saint-Pétersbourg. Et pour une fois, c’est pas une expression.

On arrivait de Moscou : à lire ici !

Arrivée royale !

C’est tôt le matin que le train entre en gare. Pas un train miteux avec banquette grise et odeur de chaussette humide, non : un très beau train rouge, flamboyant comme un uniforme de parade soviétique. Encore de la 2e classe, mais la crème de la crème : propre, moelleux, presque élégant, rideaux rouges, hôtesses souriantes, prise électrique (le Graal), et pas un enfant qui braille à l’horizon. Le luxe.

Saint-Pétersbourg nous cueille avec ses airs de grande dame. Une sorte de Paris au bord de l’eau, mâtiné de Stockholm et de Versailles. Il fait frais, mais sec. On est fatiguées, usées, presque bouclées, mais cette ville nous tend les bras. Et on va se laisser faire.

Pour finir le périple en beauté, on s’offre un hotel à deux pas de la cathédrale Saint-Isaac et de l’Ermitage. Deux jours seulement ici, alors on pose les sacs et on part à l’assaut de la ville, version express mais passionnée.

Un peu d’histoire pour briller en soirée

Fondée en 1703 par Pierre le Grand, Saint-Pétersbourg est un caprice impérial transformé en chef-d’œuvre. Le tsar voulait une ouverture vers l’Europe, une ville moderne, rationnelle, majestueuse. Alors il a fait assécher les marécages et construire une ville entière sur pilotis, avec des canaux, des palais et des avenues tirées au cordeau.

Ensuite, l’histoire s’est chargée du reste : capitale impériale, puis bastion révolutionnaire, elle devient Leningrad sous les Soviets, subit un siège terrible pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de redevenir Saint-Pétersbourg dans les années 1990. Une ville qui a tout vu, tout vécu, mais qui garde un panache inimitable, entre grandeur tsariste et nostalgie soviétique.

Jour 1 – Se perdre dans les splendeurs

On commence par la place du Palais, immense, somptueuse, presque trop grande pour nos yeux fatigués. Devant nous, l’Ermitage, ce musée-palais qui donne le tournis rien qu’à le regarder. On n’entrera pas cette fois : on n’a que deux jours et le musée mérite plus que deux heures de piétinement, même si on a sacrifié notre crédibilité culturelle en le zappant.

À la place, on flâne. Les quais de la Neva, la cathédrale Saint-Isaac qu’on admire de l’extérieur, les canaux, les façades pastel, les ponts ouvragés. Il y a une douceur, un raffinement, un air de vieille aristocratie qui ne sait pas qu’elle est morte.

On ne fait rien. On se promène. On regarde, on écoute, on se laisse porter. Après plus de deux semaines de train, c’est presque une méditation.

Jour 2 – Un brunch, un canal, un au revoir

Le matin du deuxième jour, on décide de marquer le coup. Il nous reste quelques roubles à claquer avant de quitter la Russie, et hors de question de les échanger contre des porte-clés en forme de Poutine. (Ça existe !) On file donc dans un brunch ultra chic, dans un salon façon empire, avec œufs Bénédicte, latte art et petits sablés offerts. On termine en princesse, quoi. C’est notre dernier vrai repas en Russie, et on veut se souvenir du goût.

Ensuite, c’est le dernier tour de ville. La perspective Nevski, ses vitrines, ses passants pressés, ses églises baroques, ses dômes dorés. On jette un œil à la cathédrale du Sauveur-sur-le-Sang-Versé, et son style mi-byzantin mi-dessin animé. Encore un canal, encore un pont, encore un souvenir.

On ne fait toujours pas grand-chose. Mais tout est beau, et on se sent bien.

Le bus pour Tallinn – fin de l’odyssée

À 15h, il faut partir. Un bus pour Tallinn, la porte de sortie vers l’Europe. On s’attendait à un passage frontière long, scruté, compliqué. Mais 2025, finalement, c’est plutôt fluide. Les agents russes sont sérieux mais pas suspicieux.

On passe les deux frontières a pieds avec nos sacs car le bus est fouillé. Le bus ne passe pas la frontiere. C’est un autre qui nous accueillera. Passeport, scan, regard neutre, et hop. Côté estonien c’est passage éclair. On scanne le passeport et c’est fini. Merci Schengen !

Pas un mot plus haut que l’autre, pas une fouille, pas une tension. Un deuxième car repart, et soudain, c’est fait : on a quitté la Russie.

Et c’est là que ça nous frappe. On ne l’a pas trop dit avant, parce qu’on voulait rester dans l’aventure, mais ce voyage était dingue. On a vu les forêts de Sibérie, les stations soviétiques, les rues modernes de Moscou, et maintenant les canaux impériaux de Saint-Pétersbourg. D’est en ouest, on a traversé un monde. On donne les quelques roubles qui nous restent au chauffeur. Mon frère garde un billet de 100 roubles pour sa collection.

Et en deux jours ici, on a refermé le livre avec délicatesse.


Infos pratiques et petites vérités

  • Train Moscou – Saint-Pétersbourg : de nombreux départs quotidiens. Le nôtre était un train de nuit rouge très chic, 2e classe, confortable, environ 40€ le billet si acheté à Moscou au guichet un peu en avance .. 80 euros si vous êtes des teubés comme nous
  • Hébergement : on a pris un hôtel milieu de gamme, bien placé, vers Saint-Isaac. Prix : environ 30€ la nuit pour une double, calme mais salle de bain partage moyennement propre.
  • Visites : on a tout fait à pied. Pas de métro, pas de musées. Ce n’était pas de la paresse, c’était une stratégie. Regarder, flâner, absorber. Et on a trouvé ça parfait.
  • Brunch final : 15 à 20€ par personne. Un petit luxe pour finir en beauté. On recommande.
  • Bus pour Tallinn : plusieurs compagnies, environ 30€ pour 7h de route, départs toute la journée mais la frontière doit être passé de jour. La frontière se passe tranquillement, sans stress ( ou presque )

Ce qu’on retient

Saint-Pétersbourg n’était pas un “bonus” ou une étape. C’était le point final idéal, une manière élégante et un peu mélancolique de terminer ce Transsibérien. Deux jours, ce n’est pas assez, mais ça suffit pour être marquée. On est reparties un peu lessivés, beaucoup émerveillés, et surtout très conscients d’avoir fait quelque chose d’exceptionnel.

Et si on devait le refaire ?
Oui.
Mais avec plus de temps.

Pour la suite du voyage : Tallinn , Helsinki, Riga et Vilnius en mode marathon urbain.

Pour le bilan du voyage :